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Le retour de l’« île » du Kinneret, signe d'une sécheresse historique

Depuis près d’un siècle, Israël n’avait pas connu un hiver aussi sec, une situation quii interpelle sur la vulnérabilité d’Israël face aux changements climatiques et souligne la nécessité d’adapter rapidement les infrastructures hydriques et agricoles

2 minutes
12 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le retour de l’« île » du Kinneret, signe d'une sécheresse historique
D’ici deux mois, l'île refera entièrement surface, comme ici en 2013, Photo : avec l’aimable autorisation de l’Autorité du lac de Tibériade.

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Depuis près d’un siècle, Israël n’avait pas connu un hiver aussi sec et après cinq années où l’« île » située devant le kibboutz Ma’agan a disparu sous les eaux montantes du Lac de Tibériade - appelé aussi Lac de Kinneret- elle réapparaît désormais. Symbole frappant d’une sécheresse historique qui touche tout le pays. Pour l’instant, l’île est submergée sous environ 60 cm d’eau, mais dans deux mois elle sera entièrement visible, un rappel tangible que la sécheresse s’installe durablement.

Mais le Lac de Tibériade n’est que la partie visible de l’iceberg. Le nord d’Israël, notamment la Galilée orientale et le Golan, dépend entièrement des précipitations, des sources et des réservoirs qui aujourd’hui enregistrent des niveaux records de baisse. Pour irriguer, les agriculteurs ont été contraints d’augmenter leurs prélèvements dans le Jourdain, ce qui met en danger les écosystèmes locaux.

Le Dr. Idan Barnea, de l’unité des cours d’eau à la Société pour la Protection de la Nature en Israël, alerte : « Ce que nous observons n’a pas été vu depuis près de 100 ans. C’est l’hiver le plus sec depuis le début des relevés. Normalement, on verrait l’eau déborder les barrages. Il est urgent de mettre en œuvre des solutions, comme la construction de réservoirs supplémentaires dans la vallée de la Hula, et de connecter la région au système national d’eau. »

Pas de pénurie d’eau potable, mais l’agriculture menacée

Grâce aux nombreuses usines de dessalement, Israël ne risque pas de manquer d’eau potable, quel que soit l’endroit. Mais pour les agriculteurs, la donne est plus sévère. Ils ont dû réduire de plusieurs dizaines de pourcents leurs cultures estivales. La présence de taches jaunes dans la vallée de la Hula illustre ces terres asséchées volontairement, faute d’alternative, et fragilise un secteur déjà touché par les séquelles des conflits dans le nord. Sans compensation financière pour les agriculteurs impactés, le passage à l’été sera très difficile.

Flash90

Cette sécheresse historique interpelle sur la vulnérabilité d’Israël face aux changements climatiques, et souligne la nécessité d’adapter rapidement les infrastructures hydriques et agricoles, tout en ménageant les ressources naturelles. Le retour de cette « île disparue » est un signe à ne pas prendre à la légère.

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