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Des millions d’Iraniens contournent la censure et suivent Israël sur les réseaux sociaux

Les pages en persan du ministère israélien des Affaires étrangères enregistrent des pics d’audience sans précédent

3 minutes
16 juin 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Des millions d’Iraniens contournent la censure  et suivent Israël sur les réseaux sociaux
Capture d'écran

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Depuis le lancement de l’opération « Am Ke’Lavi », les comptes en persan du ministère israélien des Affaires étrangères connaissent une envolée spectaculaire sur les réseaux sociaux. Alors que le régime iranien multiplie les restrictions d’accès à Internet, des millions d’Iraniens semblent déterminés à briser le mur numérique pour accéder à une source d’information... israélienne.

Des chiffres jamais vus

En moins de 24 heures après le début de l’opération, les publications du ministère en langue persane enregistraient près de 20 millions d’impressions. Instagram à lui seul a cumulé 14 millions de vues, dont plus de 2 millions sur un post détaillant l’élimination de hauts responsables des Gardiens de la Révolution. Une vidéo du Premier ministre Benyamin Netanyahu, s’adressant directement au peuple iranien, a dépassé 1,4 million de vues.

Sur Facebook, plus d’un million de vues ont été enregistrées sur 21 publications. Sur X , 23 posts ont généré quelque 4,5 millions d’impressions, accompagnées majoritairement de commentaires positifs et de centaines de partages.

« On vous fait confiance »

Certaines réactions d’Iraniens parlent d’elles-mêmes : « Nous savons tout cela, et c’est justement pour ça que nous continuons notre vie normalement, parce que nous vous faisons confiance », écrit l’un d’eux en réponse à une publication comparant les frappes ciblées israéliennes contre des hauts gradés aux attaques iraniennes visant des civils.

Selon les données internes, 90 % des abonnés à la page Instagram du ministère viennent d’Iran. Téhéran concentre à elle seule plus d’un tiers des vues, mais d’autres grandes villes comme Mashhad, Yazd ou Chiraz apparaissent également, et témoignent d’un intérêt géographiquement étendu pour les messages venus d’Israël.

Une jeunesse masculine en quête de vérité

Le profil des abonnés iraniens ajoute une autre couche d’analyse : 86,4 % sont des hommes, majoritairement âgés de 25 à 44 ans — une génération jeune mais mature, manifestement en quête d’alternatives à la propagande officielle. Les 13,6 % de femmes qui suivent ces contenus représentent, dans ce contexte restrictif, une présence notable. Même les adolescents et jeunes adultes de moins de 24 ans figurent en nombre parmi les spectateurs.

Internet : terrain stratégique de la diplomatie israélienne

Cette percée numérique survient alors que Téhéran intensifie sa répression en ligne, notamment avec l’aggravation des tensions régionales. Mais cela n’arrête pas les internautes iraniens, qui utilisent massivement des outils de contournement pour se connecter, s’informer, poser des questions et interagir.

Au ministère israélien des Affaires étrangères, on y voit un tournant : « Ce sont des données sans précédent. Le public iranien envoie un signal clair : il veut entendre ce que nous avons à dire, il veut dialoguer. »

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