Une annonce stratégique qui intervient alors que Tsahal entre dans sa deuxième semaine d’opérations intensives en territoire iranien.
Depuis le début de l’offensive, l’armée israélienne a frappé des centres névralgiques du programme nucléaire iranien, éliminé plusieurs figures clés de l’appareil militaire et scientifique, et visé des installations balistiques sensibles. Mardi, elle a annoncé la mort du chef d’état-major iranien, quatre jours après l’élimination de son prédécesseur lors des premières frappes. L’évacuation de 330 000 habitants d’un quartier de Téhéran, ordonnée par Israël, a entraîné un chaos logistique et médiatique.
En riposte, l’Iran a lancé environ 370 missiles et des centaines de drones vers Israël. Le bilan s’élève à 24 morts et plus de 500 blessés côté israélien, tandis que le ministère iranien de la Santé affirme que plus de 1 400 personnes ont été tuées ou blessées sur son territoire.
Officiellement, l’opération a été conçue par Israël pour être menée uniquement avec ses propres moyens militaires. Cette autonomie stratégique répond à une volonté de ne pas dépendre de la décision américaine, jugée trop incertaine. Israël dispose aujourd’hui d’une liberté totale d’action dans le ciel iranien après avoir neutralisé une grande partie de la défense aérienne. Des centaines de sorties ont été effectuées à plus de 2 000 km des frontières israéliennes, grâce à une flotte d’avions, de drones et de UAV opérant désormais sans entrave au-dessus de Téhéran.

L’un des objectifs principaux est de priver l’Iran de toute capacité à représenter une menace stratégique à long terme. Cela implique la destruction de ses infrastructures nucléaires et balistiques, pour peeut-etre ne pas anéantir ses ambitions nucléaires mais tout au moins les retarder de plusieurs années, mais aussi l’affaiblissement durable de sa capacité à exporter le terrorisme dans la région.
Certaines cibles demeurent cependant inaccessibles sans armement américain. Le site nucléaire de Fordo, profondément enfoui à proximité de Qom, nécessite des bombes anti-bunkers et des bombardiers furtifs B-2, uniquement détenus par les États-Unis. Pour l’instant, le site n’a pas été touché, mais il est considéré comme prioritaire. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz,, a affirmé qu’il serait « traité ».
Israël anticipe une guerre de plusieurs semaines. L’establishment sécuritaire a évalué que l’économie nationale, déjà affaiblie par le conflit prolongé contre le Hamas à Gaza, pourrait supporter un effort militaire intensif pendant deux à trois semaines supplémentaires. Le contrôle du ciel iranien pourrait permettre une exécution plus rapide des missions critiques et réduire la durée globale de la guerre.
En misant sur une asymétrie stratégique – capacité de frappe lointaine, précision, maîtrise du ciel – Israël tente d’imposer un fait accompli, espérant que l’Iran n’aura pas les moyens de maintenir l’intensité du conflit. La géographie, longtemps considérée comme un handicap pour une opération si lointaine, est désormais perçue comme un avantage tactique.