Santé

Il y a 30 ans disparaissait le scientifique juif qui sauva des millions d’enfants et renonça à une fortune

Il y a 30 ans disparaissait Jonas Edward Salk, le scientifique juif qui a mis au point le vaccin contre la polio.

4 minutes
24 juin 2025

ParGuitel Benishay

Il y a 30 ans disparaissait le scientifique juif qui sauva des millions d’enfants et renonça à une fortune
Photo: libre de droits

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Il y a 30 ans, le 23 juin 1995, s'est éteint Jonas Salk, le scientifique juif qui a mis au point le vaccin contre lla polio. Agé de 80 ans, il a succombé à une insuffisance cardiaque.

Son histoire reflète son dévouement pour la santé publique allant même jusqu'à renoncer à une fortune qui se serait comptée en milliards de dollars.

Né le 28 octobre 1914 à New York de parents immigrés juifs originaires de Lituanie et de Biélorussie, il est l’aîné de trois frères. Élève précoce et brillant, il intègre à 13 ans le prestigieux lycée Townsend Harris, réservé aux élèves surdoués, qu’il termine à l’âge de 15 ans. Il poursuit ensuite ses études au City College of New York, obtenant en 1934 un diplôme en chimie.

Salk envisage d'abord une carrière juridique, mais sous l’influence de sa mère, il se tourne vers la médecine, qu’il étudie à l’Université de New York. Il y découvre sa vocation pour la recherche scientifique, préférant les laboratoires à la pratique clinique. Il se spécialise alors en biochimie et en bactériologie, avec l’ambition d’œuvrer pour l’humanité dans son ensemble, au-delà de la seule relation médecin-patient.

Après son internat au Mount Sinai Hospital, il rencontre des difficultés à intégrer des postes de recherche, notamment en raison de ses origines juives. Il trouve cependant un poste à l’Université du Michigan, où il commence à travailler sur des vaccins contre la grippe. En 1947, il rejoint l’Université de Pittsburgh, où il poursuivra ses recherches en immunologie.

Au début du XXe siècle, les États-Unis sont régulièrement frappés par des épidémies de poliomyélite. La maladie touche des dizaines de milliers de personnes chaque année, principalement des enfants. Le président Franklin D. Roosevelt, lui-même atteint de polio, crée en 1938 la Fondation nationale pour la paralysie infantile afin de financer la recherche d’un vaccin, sans succès pendant de nombreuses années.

En 1948, Harry Weaver, directeur de la recherche de la fondation, sollicite Salk pour cartographier les différents types de virus responsables de la polio. En échange, il lui promet de meilleures conditions de travail. Salk accepte et s’attelle à une tâche colossale.

Ses efforts aboutissent au développement du premier vaccin efficace contre la poliomyélite. Après des tests réussis sur des singes, le vaccin est administré à des patients déjà atteints, puis à des volontaires sains, dont Salk lui-même, sa femme et leurs enfants. Tous développent des anticorps sans effets secondaires notables.

Entre 1952 et 1955, près d’un million d’enfants sont vaccinés dans le cadre d’une vaste expérimentation. Le 12 avril 1955, dix ans jour pour jour après la mort de Roosevelt, l’annonce est faite : le vaccin est sûr et efficace. La nouvelle est saluée dans tout le pays par des célébrations publiques, des hommages officiels et une pluie de distinctions.

Fidèle à ses principes, Jonas Salk refuse de breveter le vaccin, renonçant ainsi à une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars. À la question de savoir à qui appartient le brevet, il répond : « Eh bien, au peuple. Peut-on breveter le soleil ? »

Cette posture éthique incarne sa vision de la santé publique comme une responsabilité morale. Grâce à lui, le vaccin est rapidement diffusé à l’échelle mondiale et permet d’éradiquer la poliomyélite dans la quasi-totalité des pays.

En 1962, Salk quitte l’Université de Pittsburgh pour fonder à La Jolla, en Californie, l’Institut Salk de recherches biologiques, spécialisé en biologie moléculaire et en génétique. Parmi les chercheurs qui le rejoignent figurent des figures éminentes comme Francis Crick, codécouvreur de la structure de l’ADN, et Jacob Bronowski, scientifique britannique d’origine juive-polonaise.

Jusqu’à sa retraite, Salk dirige cet institut avec la même rigueur et passion qui ont guidé sa carrière. Il reçoit de nombreuses récompenses, parmi lesquelles la médaille d’or du Congrès américain (1956), le prix Lasker (1956), le prix Jawaharlal Nehru (1975) et la médaille présidentielle de la liberté (1977). En Israël, plusieurs villes – Ramat Gan, Holon, Ashdod – ont donné son nom à des rues.

Plus qu’un scientifique d’exception, Salk fut un modèle d’intégrité en renonçant au profit personnel au nom du bien commun. Il a agi par simple souci de justice et de bonté, sans attendre de récompense.

Doc et Moi
Ministère de l'Alya et de l'intégration
Fleuron Industries Recrutement