Samer Al-Singlawi, Palestinien originaire de Jérusalem-Est, pourrait bien incarner une rupture rare au sein de la société palestinienne. Contrairement au discours dominant dans les territoires, il remet en question plusieurs piliers idéologiques qui nourrissent la perception palestinienne du conflit avec Israël.
Parmi ces récits qu’il qualifie de mensongers : le déni persistant de la Shoah, la négation du lien historique millénaire entre le peuple juif et la Terre d’Israël, ou encore la narration selon laquelle le sionisme serait une entreprise colonialiste occidentale visant à déposséder les Arabes. Pour Al-Singlawi, ces éléments ont conduit son peuple à une impasse idéologique et politique.
Proche de Mohammed Dahlan – figure controversée mais influente dans les cercles palestiniens – Al-Singlawi n’est pas un inconnu du système sécuritaire israélien. Il manie trois langues, dont l’hébreu, et prône un changement de paradigme, en appelant à un discours plus ancré dans la réalité historique et à une vision d’avenir débarrassée de mythes.
S’il est trop tôt pour parler d’un véritable tournant, son profil atypique intrigue. Peut-être s’agit-il des premiers signes d’un éveil intellectuel, longtemps étouffé par la pression sociale et politique. En tout cas, sa voix se distingue – et ne laisse personne indifférent.