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Achoura 2025 : l’Axe chiite en pleine fragilité

À la veille du mois de l’Achoura, célébrée cette année le 6 juillet, l’Iran et ses alliés marquent le deuil de l’imam Hussein dans un climat de faiblesse et d’isolement inédit.

3 minutes
30 juin 2025

ParDelphine Miller

Achoura 2025 : l’Axe chiite en pleine fragilité
iStock

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L’Achoura, jour central du calendrier chiite, est traditionnellement un temps de deuil et de ferveur. Elle commémore la mort de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet, tué en 680 à Karbala par les troupes du calife omeyyade. Figure de résistance face à l’oppression, Hussein est un symbole fondamental de sacrifice et de justice dans l’islam chiite.

Mais cette année, les célébrations prennent une dimension particulière pour ce qu’on appelle l’Axe chiite, un réseau d’alliés pro-iraniens unis par une idéologie anti-occidentale et surtout anti-sioniste. Frappé de plein fouet par une série de revers politiques et militaires, cet axe entre dans une nouvelle phase de fragilité.

Constitué autour de la République islamique d’Iran, cet ensemble comprend le Hezbollah libanais, le régime alaouite syrien de Bachar el-Assad, les milices chiites irakiennes, les rebelles Houthis au Yémen, et les groupes armés palestiniens comme le Hamas et le Jihad islamique. Malgré leurs différences, ces acteurs partagent une hostilité active à l’égard d’Israël et de ses alliés.

L’année écoulée a été marquée par une série de coups durs. L’Iran, après la guerre de douze jours contre Israël, a subi des pertes stratégiques importantes. Ses installations nucléaires ont été visées, plusieurs commandants tués, et des tensions internes ont émergé autour de la succession du guide suprême Khamenei.

Le Hezbollah, quant à lui, a perdu plusieurs hauts dirigeants dans des frappes israéliennes. Son chef actuel, Naim Qassem, peine à affirmer son autorité, tandis que les restrictions financières imposées par les États-Unis et d’autres pays rendent son fonctionnement plus difficile.

En Syrie, la chute du régime Assad à la fin 2024 a porté un coup majeur à la logistique de l’axe. Ce corridor terrestre entre Téhéran et Beyrouth, vital pour le transfert d’armes et de fonds, est désormais coupé. Les Houthis du Yémen, qui tirent régulièrement des drones vers Israël, sont de plus en plus isolés. À Gaza, le Hamas reste affaibli par les combats et l’effondrement économique.

Malgré ce contexte, les célébrations de l’Achoura sont maintenues. Dans les villes chiites comme Téhéran, Kerbala, Nabatieh ou Sanaa, des processions de deuil, des pièces de théâtre religieuses et des sermons politiques sont organisés. Des repas gratuits sont distribués aux fidèles, et des discours rappellent le sacrifice de l’imam Hussein comme modèle de résistance.

Mais cette année, le contraste est frappant. Derrière les chants et les lamentations, l’atmosphère est marquée par la perte d’influence, l’isolement régional et la désillusion stratégique. L’Achoura 2025 ne célèbre pas la force d’un front uni, mais souligne au contraire la désintégration progressive d’un axe autrefois ambitieux.

Doc et Moi
Ministère de l'Alya et de l'intégration
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