Les opérations spectaculaires du Mossad contre l’Iran et le Hezbollah, dont les attaques contre les bipeurs du Hezbollah en 2024 et les sabotages en Iran en juin 2025, trouvent leurs racines bien plus tôt. Dès 2002, Yossi Cohen, alors responsable du « dossier Iran » au Mossad dirigé par Meir Dagan, lance une campagne systématique de sabotages technologiques.

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À l’époque, le Mossad vend à l’Iran des équipements piégés ou espionnés via des sociétés écran. L’objectif : perturber son programme nucléaire et infiltrer ses circuits d’approvisionnement. Une stratégie qui sera élargie plus tard au Hezbollah, considéré comme le principal relais iranien au Liban.
En 2006, pendant la deuxième guerre du Liban, le Mossad teste pour la première fois une manipulation technologique à grande échelle contre le Hezbollah. Cohen développe trois types de sabotages : des appareils transmettant la localisation des utilisateurs, des équipements d’écoute et du matériel explosif, comme les bipeurs.
Les bipeurs, bien que spectaculaires, ne sont qu’un élément parmi d’autres. Les talkies-walkies piégés, introduits dès 2014, ont permis une collecte de renseignements beaucoup plus longue.
L’idée était simple : si Israël devait attaquer l’Iran pour stopper son programme nucléaire, il fallait neutraliser d’emblée le Hezbollah pour limiter les représailles. Ces opérations préventives de sabotage visaient à surprendre l’ennemi dès les premières heures d’un conflit.
Sous Yossi Cohen, le Mossad renforce aussi le recrutement d’agents locaux et multiplie les frappes de drones, y compris en Iran dès les années 2000. L’explosion des installations de Natanz et la saisie des archives nucléaires iraniennes sont d’autres succès de cette stratégie initiée il y a deux décennies.
Ce travail de fond, poursuivi ensuite par David Barnea, a permis au Mossad d’accentuer sa pénétration des réseaux ennemis, une préparation minutieuse pour d’éventuels conflits à venir.