International

Recep Erdogan "veut" Jérusalem !

3 minutes
3 octobre 2020

ParIsraJ

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Tous les observateurs de politique internationale le disent : le dictateur turc Recep Erdogan applique une politique méthodique de renaissance néo-ottomane. L’implication agressive de la Turquie en Syrie, en Libye, dans les eaux de Méditerranée orientale et maintenant dans le Caucase en envoyant des milliers de djihadistes combattre contre les Arméniens, n’a qu’un seul but : restaurer autant que faire se peut la gloire perdue de l’Empire ottoman. Cette politique impérialiste peut d’ailleurs se développer en toute impunité face à une communauté internationale passive ou au mieux, avertissant et menaçant sans suites.

Le dictateur turc, dans sa « croisade » pour prendre le leadership du monde musulman sunnite, a subi en revers avec la normalisation des relations entre Israël et deux pays du golfe. En réaction, il a décidé de resserrer ses liens avec les organisations terroristes « palestiniennes », le Hamas, qu’il tient déjà sous son aile depuis longtemps, mais aussi l’Autorité Palestinienne désabusée par la "trahison" de ses frères arabes du Golfe. Damant le pion à l’Egypte, l’un de ses ennemis jurés, Erdogan se veut aujourd’hui le médiateur de la (énième) tentative de réconciliation entre les deux frères ennemis, le Hamas et le Fatah, avec une réunion organisée à Istanbul entre les deux factions terroristes.

Mais pour être reconnu comme leader musulman, il faut brandir l’étendard suprême : Jérusalem, capitale d’Israël, conquise au 7e siècle par les hordes de l’Islam conquérant. Cela fait des années que la Turquie d’Erdogan s’ingère à Jérusalem (sans trop de réactions de la part des autorités israéliennes, d’ailleurs), en finançant d’innombrables projets sociaux, culturels et religieux par le biais d’associations « innocentes ».

Jeudi, lors d’un discours, le dictateur turc a déclaré tout bonnement : « Jérusalem est à nous ! La question de Jérusalem n’est pas un problème géopolitique banal pour nous. Nos ancêtres ont exprimé le respect qu’ils vouaient à Jérusalem. Jérusalem est notre ville, une ville de chez nous ! » Comme preuve, il a cité les murailles de la Vieille ville qui furent effectivement construites à l’époque du sultan Soliman le Magnifique, omettant que la présence ottomane à Jérusalem fut le fruit d’une conquête militaire.

Puis, abordant la question « palestinienne » dont il se veut désormais le principal garant, il a déclaré : « C’est un honneur pour notre pays et notre nation d’exprimer les droits des Palestiniens qui sont bafoués (…) Nous continuerons à nous préoccuper de la question palestinienne qui est une plaie ouverte dans la conscience mondiale. La question de Jérusalem doit arriver à son terme ».

Dans son discours, Recep Erdogan, a également attaqué trois Etats symboliques : Israël, la Grèce et l’Arménie. Pour le Dr. Haï-Eitan Cohen-Yanarocak, spécialiste de la Turquie moderne, ce n’est pas un hasard : ces trois pays sont des Etats-nations des principales minorités nationales qui vécurent dans l’Empire ottoman. « En attaquant ces trois pays, que ce soit verbalement, politiquement ou militairement, il sait qu’il flatte son électorat avide de retrouver la Turquie ottoman d'antan » souligne le chercheur.

L’insolence de Recep Erdogan se poursuivra tant qu’il ne rencontrera pas d’obstacle majeur sur sa route. Vladimir Poutine peut-être, mais sûrement pas l’Union européenne faible et divisée.

Photo Uri Lentz / Flash 90
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