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Le journaliste Raviv Drucker, de la chaine 13, a publié hier (lundi) un reportage qui montre à quel point la loi du Retour est détournée par beaucoup d'olim de Russie, avec la complicité de l'organisme gouvernemental Nativ.
Qu'est-ce que Nativ?
Nativ est un département qui dépend du bureau du Premier ministre qui agit en faveur des olim de l'ex-URSS et qui vise à renforcer les liens entre les Juifs de cette région et leurs proches d'un côté et l'Etat d'Israël de l'autre. Rappelons que la loi du Retour permet à toute personne qui a un grand-père juif de faire son alya mais aussi au conjoint(e) et aux enfants de cette personne.
D'après les informations révélées par Raviv Drucker, depuis plusieurs années, cette administration est devenue ni plus ni moins qu'une annexe d'Israël Beitenou. Ainsi, pendant l'année qui vient de s'écouler, des proches de Fania Kirshenbaum - une ancienne cadre du parti - et du député Alex Kushner ont été nommés à des postes clés de l'organisation.
41% des olim de Russie en 2022 sont déjà repartis
Le reportage de Raviv Drucker s'ouvre sur une donnée étonnante: 41% des olim de Russie qui sont arrivés en Israël en 2022 en raison de la guerre en Ukraine, sont déjà repartis. En d'autres termes, ils ont fait leur alya, ont profité des avantages octroyés à tout olé hadash, ont reçu une teoudat zeout voire un passeport, parfois se sont faits soigner en Israël puis sont repartis.
Pourtant, la loi du Retour fixe des conditions à tout candidat à l'alya. Parmi elles, la déclaration de vouloir effectivement s'installer en Israël. Pour l'heure aucun suivi n'a eu lieu concernant ces nombreuses alyot très provisoires.
Drucker cite l'exemple de Ksenia Sobchak, une journaliste et politique russe dont le père est un proche de Poutine, qui s'est présentée un soir tard devant les bureaux de Nativ, alors qu'ils étaient fermés. On lui a ouvert spécialement afin de lui donner des papiers israéliens - teoudat zeout et passeport - avec lesquels elle est aussitôt repartie en Russie.
Ou encore, Alla Pugacheva, chanteuse très populaire en Russie, dont le mari est juif et qui est arrivée en Israël pendant les vacances de Pessah. Là aussi, les bureaux de Nativ ont été ouverts exceptionnellement pour lui procurer des papiers israéliens, y compris un passeport, alors que la loi ne permet pas de lui en fournir un. Par ailleurs, un ancien responsable de Nativ, interrogé par Drucker, Hanan Ahitov, souligne que cette chanteuse bénéficie de la loi du Retour grâce à la judéité de son mari. Or le couple s'est marié à l'église, ce qui remet en cause leur éligibilité à l'alya.
Ahitov témoigne aussi avoir vu des olim de Russie venir ces dernières années uniquement pour être soignés en Israël, dans des établissements spécialisés où ils arrivent dès le premier jour de leur alya et qu'ils ne quitteront que le jour de leur décès, le tout pris en charge par l'Etat d'Israël.
A chaque fois, c'est l'organisme Nativ qui valide le droit à l'alya de toutes ces personnes.
Un traitement des dossiers peu ordonné
Volontairement ou pas, les dossiers d'alya des olim de Russie sont stockés dans des cartons dans les bureaux de Nativ et ne sont pas informatisés, ce qui pourrait beaucoup plus facilement faire ressortir les irrégularités.
Nativ a réagi au reportage de Drucker en précisant que ces dossiers étaient en cours d'informatisation et en rejetant toutes les accusations de politique laxiste face à certains candidats à l'alya ou de nominations de proches des cadres d'Israël Beitenou à des postes clés.
Dans le prochain gouvernement Netanyahou, c'est le député et futur vice-ministre, Avi Maoz (Noam), qui va reprendre les rênes de Nativ. Avigdor Liberman a déjà mis en garde contre la politique de celui qu'il considère comme un raciste et dangereux obscurantiste. Rappelons que Maoz a dirigé le mouvement de libération de Nathan Sharansky et a beaucoup oeuvré dans les années 80 pour l'alya des Juifs d'ex-URSS.
Néanmoins, outre Israël Beitenou, beaucoup s'interrogent sur la pertinence d'une telle nomination à un poste aussi sensible et même s'ils souhaitent voir l'ordre régner dans cette administration, ils ne sont pas convaincus que Maoz soit la bonne personne.
D'autres s'étonnent qu'un tel organisme existe encore plus de 30 ans après la chute de l'URSS.