Sécurité

Pourquoi le Hamas n’entre pas dans la danse?

3 minutes
12 mai 2023

ParIsraJ

Pourquoi le Hamas n’entre pas dans la danse?
Photo by Abed Rahim Khatib / Flash 90

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

La question de l'implication du Hamas dans le conflit actuel avec Israël est dans tous les esprits. Israël cible uniquement les hommes et les infrastructures du Djihad islamique en prenant soin d'épargner le Hamas et ce dernier ne vient pas en renfort des terroristes du Djihad. Il a certes publié des communiqués condamnant Israël et promettant une réponse unifiée mais dans les faits, il se tient à l'écart.

Le Hamas attend peut-être le feu vert de l'Iran pour entrer dans la danse, il craint peut-être aussi les frappes israéliennes et les éliminations ciblées. Mais il apparait que ce qui motive en premier lieu le mouvement terroriste sont des considérations économiques. C'est ce qu'explique le journaliste du Yediot Aharonot, Elisha Ben Kimon.

En effet, c'est le Hamas qui gère la Bande de Gaza et depuis la fin de l'opération Gardien des murailles, Israël a adopté une nouvelle politique basée sur l'idée de créer des ''intérêts économiques civils'' qui pourront servir de leviers le moment venu. De ce fait, une implication du Hamas dans le conflit actuel pourrait lui coûter très cher. D'ailleurs, le prix que paie la Bande de Gaza depuis mardi dernier est déjà très élevé sur le plan économique et le Hamas ne tient pas à l'amplifier.

En effet, dès le début de l'opération Bouclier et flèche, Israël a interdit l'entrée sur son territoire des travailleurs palestiniens de Gaza. Ces derniers, qui sont environ 18500, sont privés de leur salaire pendant ce temps. Outre le manque à gagner pour les ouvriers eux-mêmes, il s'agit de sommes importantes qui ne seront pas réinjectées sur le marché à Gaza. Les Palestiniens qui obtiennent un permis de travail en Israël sont chanceux, car ils y gagnent 1.5 fois plus que ceux qui travaillent à Gaza. Ils constituent donc une force d'achat considérable pour la Bande de Gaza et un levier économique important. Leur appauvrissement se ressentirait automatiquement.

Par ailleurs, la fermeture des points de passage d'Erez et de Kerem Shalom, embarasse aussi le Hamas puisque plus aucune marchandise, ni carburant ne sont livrés. D'ici quelques jours, si le conflit se poursuivait, l'alimentation en électricité de la Bande de Gaza sera durement impactée. A cela s'ajoute qu'en l'absence de marchandises qui arrivent depuis Israël, de nombreux projets sont suspendus.

Depuis l'opération Gardien des murailles en mai 2021, 400 camions entrent quotidiennement à Gaza par ces points de passage. Israël a décidé de permettre l'augmentation du commerce de marchandises depuis Gaza avec la Judée-Samarie, pendant ces deux dernières années. Et les chiffres parlent d'eux-mêmes: augmentation de 150% des échanges pour les produits agricoles, de 250% dans le textile et de 140% pour les poissons. Des emplois ont été créés dans la Bande de Gaza suite à cet essor. Si le conflit s'éternise, ces échanges sont compromis, ce qui serait un coup dur pour l'économie gazaouie.

 

Le Hamas met dans la balance ces considérations économiques et sait que s'il se mêle du conflit actuel, les conséquences seront dramatiques sur ce plan. Un prix qu'il ne semble pas prêt à payer pour l'instant. Reste à savoir si et quand le Hamas décidera de faire pression sur le Djihad islamique pour qu'il cesse ses attaques contre Israël.

 

Le revers de la médaille, cependant, est que le Hamas devient l'allié ''objectif'' d'Israël dans ce conflit. L'histoire a montré que de faire grandir de tels mouvements en les aidant à se créer une stature populaire, peut se retourner contre Israël.


Boaron blue