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A l'heure qu'il est 138 Israéliens sont toujours retenus en otages par le Hamas dans la Bande de Gaza. Dès le 8 octobre, de nombreuses familles se sont réunies dans un QG des familles d'otages dont la direction a été confiée à un des ennemis jurés de Binyamin Netanyahou, le conseiller en communication Ronen Tsur.
Depuis deux mois maintenant, la voix que l'on entend et que l'on présente comme celle des familles d'otages est celle de ce QG qui, pourtant, ne regroupe pas toutes les familles. Cette voix est très critique vis-à-vis du gouvernement, elle prétend qu'il ne fait rien ou presque rien pour ramener leurs proches et exige que les otages soient libérés immédiatement, peu importe le prix à payer.
A côté de cette voix majoritaire que les médias diffusent largement, des parents d'otages portent un discours différent.Ils estiment que le gouvernement fait tout ce qui est en son pouvoir, ils vouent une reconnaissance infinie aux soldats qui se battent sur le terrain et savent qu'ils paient de leur vie pour aller chercher leurs proches retenus en otages. Ils veulent remercier les autorités pour ce qu'elles font et demandent qu'on laisse travailler les responsables en cessant de leur demander des comptes sans arrêt. Ceux-là ne sont quasiment pas invités sur les plateaux de télévision et leurs paroles ont peu d'écho. C'est le cas, notamment, de Ditsa Or dont le fils Avinatan est otage ou encore de Tsvika Mor dont le fils Eytan est otage, d'Eliahou Libman dont le fils Elyakim est otage ou d'Iris Haïm, dont le fils Yotam est otage.
Jusqu'à mardi dernier et la réunion entre le cabinet de sécurité et les familles d'otages.
Ce soir-là, la fracture entre les familles d'otages s'est déclarée au grand jour. Les parents qui ont voulu remercier les ministres ont été empêchés de parler par les autres. On leur a intimé de se taire, des insultes ont volé et des coups ont même été échangés, au point que le service de sécurité a dû intervenir.
Après cette séquence terrible, certains parents, discrets jusque-là, ont décidé de ne plus se taire. Après deux jours, lors dequels, elle a cherché les forces pour se remettre de cette rencontre, Iris Haïm a entrepris d'aller porter sa voix dans les médias et de dire ce qu'elle ressent. Son calme et sa dignité forcent l'admiration.
Interrogée sur la chaine 13, elle a expliqué: ''On parle de consensus et de solidarité. Je ne ressens pas les choses ainsi. Je pense qu'il n'y a plus vraiment de solidarité dans le peuple d'Israël à cause de ce qu'il se passe avec le QG des familles d'otages''. La gorge nouée, elle a poursuivi: ''Je veux dire que le fait qu'hier on ait envoyé des soldats pour libérer des otages et que ces soldats sont revenus gravement blessés, cela me perturbe. On ne les considère pas suffisamment. Nous nous plaçons au centre, en tant familles d'otages. Nous pensons que nous sommes l'essentiel. Nous ne sommes pas l'essentiel. C'est mon avis personnel. L'essentiel c'est ce peuple et ce pays qui doit continuer à exister. Si nous pensons qu'à mon fils ou qu'à nos enfants, qu'allons-nous dire à la mère qui envoie son fils à cette guerre?''. Les larmes aux yeux, elle est revenue sur la rencontre avec le cabinet de guerre: ''J'étais présente lors de cette réunion où des familles ont dit que rien n'était fait pour ramener leurs enfants à la maison. Et au même moment, des soldats se font tuer. Où vivons-nous? Sommes-nous devenus à ce point insensibles les uns aux autres? Je ne partage pas du tout ces discours, je ne suis jamais allée à aucune manifestation parce que je ne crois pas qu'il faille manifester. Je ne peux plus entendre que le gouvernement ne fait rien. Ce qu'il s'est passé mardi dernier c'était une volonté nette de faire taire tous ceux qui exprimaient une opinion différente. Il ne fallait qu'on entende uniquement ceux qui disent que rien n'est fait''. Iris a témoigné qu'une réunion de préparation à cette rencontre avait eu lieu avec les responsables du QG des familles d'otages lors de laquelle des instructions ont été données sur ce qu'il fallait dire aux ministres. Elle n'y a pas participé, elle parle avec son coeur, avec son vécu de mère d'otage, en pensant à son fils qu'elle n'a pas vu depuis plus de 60 jours et qui vit une épreuve terrible.
Un nouveau forum est né de cette rencontre houleuse. Iris Haïm et d'autres en sont à l'initative. Ils veulent que désormais le message des familles d'otages ne soit pas des cris et des remontrances incessantes envers le gouvernement. A l'image du message qu'Iris a voulu transmettre à son fils Yotam: ''Une mère est là pour renforcer ses enfants et pas pour dire à longueur de journée à quel point il est faible et que s'il ne rentre pas maintenant il mourra. J'ai confiance en mon fils et j'ai confiance dans ceux qui travaillent pour le ramener''.