L'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, a écrit une lettre ouverte au Guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Cette démarche exceptionnelle visait à rappeler le rôle que Gallant a joué dans la préparation de l'opération Eveil du Lion mais aussi à humilier l'Ayatollah en soulignant les pertes iraniennes et la supériorité israélienne.
''Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais je suis certain que nous savons beaucoup de choses l’un sur l’autre. Je vous connais depuis près de trois décennies, et j’ai étudié chaque carrefour critique de votre leadership'', ouvre Gallant.
''En tant que ministre de la Défense, j’étais responsable de transformer des décennies de renseignements, de capacités aériennes et de doctrine stratégique israélienne en un plan militaire coordonné. Un plan qui a fendu votre ‘anneau de feu’ comme un couteau dans du beurre, et qui a finalement conduit à son effondrement. Un plan qui a culminé avec la guerre de 12 jours menée par Israël et les États-Unis contre le programme nucléaire iranien, la défense aérienne, la production de missiles et le haut commandement militaire. Ce qui s’est produit en juin 2025 n’était pas simplement une campagne militaire. C’était un effondrement stratégique d’un système que vous aviez passé quatre décennies à bâtir'', assène l'ancien ministre de la Défense.
''Vous aviez prévu d’activer des agents et de mener une guerre d’usure contre Israël, tout en développant des armées terroristes pour, un jour, le conquérir et le détruire. Vous cherchiez à construire un arsenal de missiles lourds, précis et à longue portée pour semer une destruction massive lors d’une attaque coordonnée. Au cœur de cette architecture se trouvait votre principal projet : développer une arme nucléaire qui donnerait à l’Iran une immunité contre un changement de régime, et lui permettrait d’atteindre une domination et une dissuasion régionales — d’abord contre Israël, puis contre d’autres. Mais cet anneau de feu ne nous a pas encerclés. Il a échoué'', souligne Gallant.
L'ancien ministre met en avant le fait que l'attaque du 7 octobre a été rendu possible par le financement et les munitions iraniennes. Il revient sur l'effet de surprise qui a frappé également Téhéran ce samedi matin et insiste sur le fait que l'Iran porte la responsabilité des conséquences de cette attaque. ''Le public israélien, malgré la douleur et les pertes, n’a pas cédé. Notre peuple a tenu bon. Comme vous le savez désormais, nous avons riposté. Non seulement vous avez sous-estimé notre détermination, mais aussi la capacité de nos forces et la précision de nos armes. Dans bien des cas, jusqu'à aujourd’hui, vous ne savez même pas comment vous avez été attaqué, ni d’où, ni avec quoi'', lance Gallant à Khamenei.
Il décrit ensuite les succès militaires israéliens contre l'arsenal balistique et nucléaire iranien mais aussi contre les chefs militaires et les scientifiques nucléaires, éliminés par Tsahal. Il enfonce le clou: ''Nous avons neutralisé votre défense aérienne. Votre programme nucléaire et vos infrastructures ont reculé de plusieurs années. Votre bouclier, si vanté autrefois, n’a pas réussi à vous protéger. Mais plus que des dégâts matériels, quelque chose de plus profond a été révélé : nous voyons tout. Nous entendons tout. Nous sommes partout. Nous connaissions votre agenda. Les lieux où vous êtes. Vos communications. Vos conversations avec vos alliés les plus proches — dont la plupart ne sont plus à vos côtés — à Beyrouth, à Damas, à Téhéran. Vos échéances. Vos plans de retrait. Et vos angles morts. À plus d’un égard, nous en savions plus sur vous que vous-même''.
Gallant insiste encore sur la solitude de ce géant qui s'est révélé dans toute sa fragilité lors de l'opération israélienne: ''À maintes reprises depuis le 7 octobre, Nasrallah a demandé l’autorisation d’entrer en guerre. Et à chaque fois, vous avez refusé. Le Hezbollah était votre réserve stratégique, à activer uniquement si l’Iran était attaqué ou attaquait directement Israël. Mais au moment venu, quand votre système a été touché au coeur et que votre doctrine s’est effondrée, il n’était pas là. Le bouclier en lequel vous aviez confiance ne s’est jamais dressé. L’arsenal du Hezbollah est en ruines, enterré avec ses commandants. Le Hamas est neutralisé. Assad n’est plus. Son successeur a choisi une autre voie. Les pays du Golfe se dressent désormais contre vous, pas avec vous. L’Irak résiste à votre emprise. La région est passée à autre chose. Votre réseau de proxies, pièce maîtresse de votre stratégie régionale, est désormais votre point faible. Leurs atrocités nous ont donné la légitimité. Leur échec nous a offert la liberté d’action".
Yoav Gallant place, pour conclure, Khamenei face à la nouvelle réalité créée par Israël et qui ne lui laisse que peu de choix: ''Lorsque vous réfléchissez aux prochaines étapes, pensez au fait que nous savions qui étaient vos hommes, quels rôles ils jouaient et où ils vivaient. Lorsque vous regardez autour de vous dans la pièce, demandez-vous : qui est vraiment loyal ? Vous devez maintenant choisir : continuer à poursuivre la course vers une arme nucléaire, sans couverture, sans défense, avec une capacité offensive limitée ? Nous le saurons. Nous l’empêcherons. Et nous vous le ferons payer cher. Tenter de reconstruire votre arsenal conventionnel, en sachant que cela prendra des décennies ? Nous le retarderons, le saboterons et le démantèlerons à nouveau. Ou bien abandonner votre guerre contre un petit pays déterminé, situé à des milliers de kilomètres de vos frontières, et vous concentrer plutôt sur le bien-être et l’avenir de votre peuple. Si vous choisissez encore le mal, nous serons là, sur votre route, à vous attendre''.
En réponse à cette lettre, l'Ayatollah Ali Khamenei s'est contenté de dénoncer un texte de ''propagande'' et une ''opération d'influence de grande envergure''.