Israël

"Nous oeuvrons à éradiquer Gaza" : les propos du ministre Amichai Eliyahu font scandale

Les propos du ministre du parti Otzma Yehudit ont rapidement fait le tour des médias internationaux

3 minutes
24 juillet 2025

ParJohanna Afriat

"Nous oeuvrons à éradiquer Gaza" : les propos du ministre Amichai Eliyahu font scandale
Le ministre du Patrimoine, Amichai Eiyahu

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Des déclarations du ministre du Patrimoine Amichai Eliyahou ont déclenché ce jeudi une vague d'indignation au sein de la classe politique israélienne et de la société civile. Dans une interview diffusée sur la radio "Kol Berama", le ministre a tenu des propos particulièrement controversés sur l'avenir de la bande de Gaza.

"Le gouvernement oeuvre pour éradiquer Gaza. Dieu merci, nous éradiquons ce fléau. Tout Gaza sera juif", a déclaré Eliyahou, provoquant un tollé immédiat. Le ministre a également comparé la situation à Gaza à celle de l'Allemagne nazie, affirmant que "les Britanniques n'ont pas nourri les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et c'est ainsi qu'une nation se bat – nous ne devrions pas nous mêler de la faim à Gaza."

Les propos du ministre du parti Otzma Yehudit ont rapidement fait le tour des médias internationaux, notamment par le biais d'Al Jazeera, amplifiant l'écho de cette controverse au niveau mondial.

L'opposition dénonce un encouragement aux "crimes de guerre"

La réaction de l'opposition a été immédiate. Le chef de l'opposition Yaïr Lapid a qualifié ces déclarations d'"attaque morale et de désastre informationnel". "Israël ne convaincra jamais le monde de la justesse de sa guerre contre le terrorisme tant que nous serons dirigés par un gouvernement minoritaire extrémiste dont les ministres sacralisent le sang et la mort", a-t-il déclaré.

La députée Efrat Reitan s'est montrée encore plus directe : "Un ministre en exercice du gouvernement appelle ouvertement à de graves crimes de guerre. Il n'est ni membre de l'opposition ni un utilisateur anonyme de Twitter, mais une figure centrale de l'exécutif. Eliyahou est un homme dangereux."

Le député Gilad Kariv a pour sa part estimé que "le maintien d'Amichai Eliyahou au poste de ministre est une tache et une honte pour l'État d'Israël et l'ensemble du peuple juif", le qualifiant de "nationaliste violent et sans bornes, qui prône les crimes de guerre".

L'organisation "Frères d'armes" a également réagi avec véhémence : "Voilà à quoi ressemble un ministre du gouvernement israélien. Sans moralité, sans honte. Un pays dont les soldats sont tués et désertent du service de réserve car il est dirigé par des idéologues extrémistes sans limites."

Face aux critiques, le ministre Eliyahu a tenté de nuancer ses propos en affirmant : "Nous ne sommes pas racistes et nous combattons seulement ceux qui veulent nous tuer." Il a également dénoncé ce qu'il considère comme une "campagne de pression" internationale concernant la situation humanitaire à Gaza.

Plusieurs responsables politiques ont directement mis en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahou pour son silence face aux déclarations de son ministre. Gilad Kariv a dénoncé "sa perte de repères, sa lâcheté politique et son incompétence", accusant Netanyahou et ses "partenaires kahanistes" de "mettre en danger l'État d'Israël".