À l’occasion du vingtième anniversaire de l'expulsion des Juifs de la Bande de Gaza, un sondage réalisé par Israël Hayom en collaboration avec l’institut "Maagar Mochot" révèle de nouvelles tendances au sein de la population israélienne.
Depuis près de deux ans, les opposants au gouvernement – parmi lesquels figurent d’anciens hauts responsables du système de sécurité – soutiennent qu’il n’existe aucun rapport entre le désengagement et les massacres du 7 octobre. Néanmoins, les résultats du sondage indiquent qu’une majorité claire du public israélien perçoit un lien direct entre ces deux événements. Plus de la moitié des personnes interrogées affirment que, sans le retrait de Gaza, les chances d'une attaque de cette nature auraient été moindres.
Deux décennies après l’évacuation controversée, et dans le contexte postérieur au 7 octobre, le consensus semble s’être inversé : pour 76 % des personnes ayant exprimé une opinion, le désengagement unilatéral a constitué une erreur de la part de l’État d’Israël. Ce chiffre prend un relief particulier si l’on se rappelle qu’à l’époque, le plan bénéficiait d’un large soutien populaire.
Une question complémentaire, tournée vers l’avenir, portait sur la possibilité d’un désengagement similaire en Judée-Samarie. Là encore, les résultats sont sans ambiguïté : 64 % des personnes interrogées estiment qu’un tel scénario est inacceptable, exprimant ainsi une opposition ferme à tout retrait unilatéral futur dans ces territoires.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le traitement médiatique dominant, la population israélienne n’est pas uniformément opposée à un retour de l’implantation juive dans la bande de Gaza. 52 % des personnes ayant une opinion déclarent soutenir un retour de la présence juive dans la région, une opinion qui ne se limite pas aux seuls électeurs des partis nationalistes religieux.
En effet, le soutien à une telle initiative est particulièrement marqué au sein du public orthodoxe : 83 % des sondés issus de ce groupe se déclarent favorables à un retour des implantations dans la bande de Gaza, contre seulement 5 % qui y sont opposés. Parmi les répondants de sensibilité religieuse sioniste, 67 % soutiennent également cette idée, tandis que 17 % s’y opposent. En revanche, la population laïque se montre plus divisée : 50 % s’opposent au retour de la présence juive dans la Bande de Gaza, tandis que 29 % y sont favorables.
Ces chiffres suggèrent que le soutien à une réimplantation dans Gaza ne se limite pas à la droite nationaliste. Même parmi les électeurs de gauche, 20 % estiment qu’il serait pertinent de revenir à une présence israélienne dans la bande de Gaza.
Enfin, une donnée centrale du sondage réside dans le rejet massif exprimé à l’égard des habitants de Gaza. À la question de savoir si, après un éventuel cessez-le-feu, les travailleurs gazaouis devraient être autorisés à revenir en Israël, la réponse est largement négative. Le public israélien manifeste un refus catégorique, rejetant toute logique de "coexistence économique" perçue désormais comme dangereuse.
Ce sondage met en lumière un fossé notable entre les positions dominantes dans les médias ou chez les élites politiques, et les convictions majoritairement partagées par le grand public israélien. Si les avis divergent quant à l’avenir des implantations, une chose semble acquise : une large part de la population considère le désengagement de 2005 comme une erreur stratégique majeure, liée aux drames récents, et rejette fermement toute idée de retrait unilatéral futur.