Longtemps perçu comme un temps de répit, l’été 2025 s’ouvre en Israël sur un climat de défiance envers le monde extérieur. Pour de nombreux citoyens, partir à l’étranger — que ce soit pour des vacances, des études ou des visites familiales — est désormais perçu comme une prise de risque.
Selon une enquête menée en avril 2025, près d’un Israélien sur deux (49 %) exprime une peur concrète de subir de l’antisémitisme en voyageant en Europe, un chiffre qui grimpe à 55 % chez les parents. La même étude révèle que 59 % des Israéliens préfèrent désormais cacher leur identité juive ou israélienne lorsqu’ils se trouvent à l’étranger.
La crainte ne se limite pas à des attitudes hostiles ou des regards désapprobateurs. Elle repose sur des chiffres tangibles et une réalité violente.
Inquiétude grandissante pour les familles de la diaspora
Cette hostilité croissante pousse de nombreuses familles israéliennes à demander à leurs proches vivant à l’étranger de « rentrer tant qu’il en est encore temps ». Selon un sondage publié en juin 2025, 71 % des Israéliens estiment que les Juifs européens ne sont plus en sécurité dans leur pays, et 91 % considèrent qu’ils devraient immigrer en Israël.
« On pensait que c’était ici que le danger était permanent, mais aujourd’hui j’ai plus peur pour mon fils à Montréal que pour moi à Ashdod », confie Yaël, mère de famille. « Il cache sa kippa, il ne parle plus hébreu dans le métro. Ce n’est plus tenable. »
Un sentiment d’isolement profond
Ce sentiment d’inquiétude dépasse les frontières d’Israël. « Au cours des dix-huit derniers mois, l’antisémitisme est devenu le sujet de préoccupation numéro un pour les Juifs dans le monde entier », explique Shirel Dagan Levy, co-autrice du rapport Voice of the People, publié en juin 2025. Le document révèle que 76 % des Juifs identifient aujourd’hui l’antisémitisme comme leur principale source d’angoisse depuis le 7 octobre. En Israël, cette réalité se traduit par un isolement croissant, un renoncement à voyager, une peur constante pour les proches à l’étranger, et une méfiance profonde envers les sociétés occidentales, autrefois perçues comme alliées.