Une délégation du programme israélien « Témoins en uniforme », composée cette année de 180 participants issus de Tsahal et du ministère de la Défense, a été interrompue ce jeudi matin lors de la traditionnelle marche des drapeaux à l’entrée du camp de Birkenau, en Pologne. Cette initiative existe depuis plusieurs années. C'est la première fois que les participants sont contraints de retirer les drapeaux israéliens qu'ils portaient. Cette consigne leur a été donnée par un policier local.
Malgré les tentatives de médiation entre les officiers israéliens et les organisateurs polonais sur place, aucun compromis n’a pu être trouvé, et les drapeaux ont été retirés.
Un participant identifié sous l’initiale « B » a témoigné auprès du site Ynet : « Nous étions prêts pour la cérémonie. Nous sommes sortis en formation depuis le musée extérieur vers les portes du camp, comme à l’accoutumée, arborant nos drapeaux et accompagnés par le son d’une trompette. Arrivés devant la célèbre porte d’entrée, un policier polonais a stoppé la première rangée et a exigé que nous ne pénétrions pas dans le camp avec les drapeaux. »
« Le personnel polonais présent sur place a tenté de faire valoir son désaccord, tout comme les officiers israéliens, parmi lesquels figuraient des hauts gradés, mais en vain », a-t-il poursuivi. « Pendant ces échanges, nous sommes restés en silence, en formation, sans bouger. Finalement, la cheffe du protocole a ordonné le retrait des drapeaux. En franchissant le portail, personne n’a adressé la parole au policier, mais une atmosphère pesante régnait. »
Le participant a exprimé son incompréhension : « Nous avons été stupéfaits par cette décision. Jamais auparavant une cérémonie militaire n’avait été interrompue, que ce soit dans les forêts, à Treblinka, à Varsovie ou à Majdanek. Dans tous ces lieux, nous avons toujours défilé avec les drapeaux en tête. Nous ne nous étions jamais sentis humiliés. Aujourd'hui l’humiliation a été publique, devant des visiteurs qui nous prenaient en photo et étaient impressionnés par le protocole militaire. »
Il a ajouté : « Chaque année, les délégations entrent avec leurs drapeaux. Il existe de nombreuses photos de cérémonies passées avec des officiers en uniforme portant fièrement les couleurs israéliennes à Birkenau. Selon nous, cette directive trouve son origine dans un mélange d’antisémitisme et d’une volonté de réécrire l’histoire. »
« C’est profondément triste », conclut-il. « Cet événement reflète une lutte persistante contre l’antisémitisme en Europe, et démontre qu’il existe encore des forces qui cherchent à altérer le récit sioniste et la signification sacrée que ce lieu revêt pour nous. »
Le ministère israélien des Affaires étrangères a, pour sa part, refusé de commenter l’incident.