Dès les premières observations, le Dr Blumfeld souligne que les captifs présentent des signes extrêmes de malnutrition : dépression profonde, pâleur marquée, fonte musculaire sévère susceptibles d'affecter aussi bien les membres que des organes vitaux comme le cœur, les reins et le système digestif. Ces atteintes internes peuvent provoquer des dégâts irréparables, réduisant fortement les chances de réhabilitation. « Chaque jour qui passe diminue les possibilités de guérison », insiste-t-il, mettant aussi en garde contre le syndrome de réalimentation, un risque majeur lorsque l’on tente de nourrir trop rapidement ces victimes affaiblies.
Au-delà des souffrances physiques, le Dr Blumfeld insiste sur la dimension psychologique des séquelles : perte d’espoir, anxiété intense. Des troubles qui se lisent dans le regard des jeunes hommes, mais aussi dans leur langage, qui reflètent un mal profond. Le traumatisme des otages se propage à leurs familles, elles-mêmes confrontées à des troubles mentaux et à un dysfonctionnement psychosocial croissant.
Mais cette détresse ne s’arrête pas là : toute la population israélienne en ressent les effets dit-il. « Nous vivons tous dans une angoisse constante, une défiance, un stress diffus ». Une situation qui engendre une hausse notable des maladies, notamment cardiovasculaires, ainsi qu’un recours accru aux médicaments pour calmer l’anxiété et favoriser le sommeil. Une étude menée auprès de 515 Israéliens, non directement concernés par la captivité, révèle que 76 % se déclarent préoccupés ou très préoccupés par la situation, 50 % affichent des symptômes de stress et d’angoisse, et un nombre important a recours à des traitements psychotropes.
Le Dr Blumfeld évoque également un effet méconnu mais inquiétant : la modification possible du patrimoine génétique des mères ayant subi un stress extrême, susceptible d’affecter leurs enfants à naître. Ce phénomène, bien que complexe, illustre la gravité des traumatismes subis et leur portée intergénérationnelle.