Article paru dans AJ Mag juillet 2025
Les Israéliens voyagent souvent loin à la recherche de détente, de sport, de shopping ou de spiritualité. Pour ceux qui n’ont ni le temps ni les moyens, se sont développées ces dernières années les « retreats » (« retraites »), comme les nomment – en anglais – les Israéliens. Cela se passe en général dans la nature, avec au programme : détox, yoga, danse, randonnées et méditation, qui permettent de se dépayser et promettent une transformation intérieure.
Aujourd’hui, on ne part plus au bout du monde mais au bout de soi
C’est un véritable raz-de-marée, les réseaux sociaux regorgent d’annonces de « retraites » en tout genre : healing, détox, cercle de femmes, cérémonie chocolat, accueil de la lune, cercle de prières, retraites d’art-thérapie, ateliers d’écriture, une matinée au bord de l’eau, une soirée autour d’un feu, deux jours dans une yourte ou une marche dans le désert… L’offre est étourdissante de diversité et en dit long sur la recherche personnelle des Israéliens. Il y en a pour tous les âges, et tous les goûts. Les photos « lifestyle » promettent le bonheur d’être soi enfin retrouvé. Ces espaces-temps ne sont plus seulement fréquentés par les babas cool New Age mais par tous ceux qui sont en quête d’authenticité, de douceur et d’apaisement.
Apaiser son cœur, apaiser ses douleurs physiques et mentales – depuis le 7 octobre, c’est d’autant plus nécessaire et urgent que tout un pays est en souffrance depuis cette date tragique. Et dans ces « retraites », on parle beaucoup de trauma, de douleur, de peur – et de reconstruction. On ne peut plus se moquer de cette quête spirituelle qui nous paraissait parfois superficielle, car le dépassement, la résilience, retrouver le goût de vivre et le sommeil sont les leitmotivs de chacun d’entre nous.
Quel regard poser sur cet engouement collectif ?
Pour comprendre, il faut avoir essayé : je me suis inscrite à un programme de deux jours dans un cercle de femmes, « Le souffle des femmes », dont le thème était : « S’aimer soi-même pour pouvoir aimer l’autre ». J’ai dû me pousser un peu pour y aller car le programme me paraissait tellement intensif que j’en avais le vertige : randonnées dans le désert, méditation au lever du soleil, yoga du rire, Qi Gong, hitbodedout, méditations, conversations…
Que peut-on apprendre en seulement deux jours ?
Se retrouver encadrée et prise en charge dans un lieu agréable apaise, c’est indéniable. Découvrir de nouvelles personnes que nous n’aurions jamais rencontrées dans notre vie habituelle est enrichissant. Pour certaines d’entre nous, c’était une façon de rompre avec la solitude quotidienne et de pouvoir être soi-même en toute sécurité. Bienveillance et attention étaient au rendez-vous pour nous permettre de parler plus librement et nous lier rapidement les unes aux autres : celles dont le fils ou le mari était pour la énième fois en milouïm, celle qui loin de ses enfants les languissait tant, celle qui venait de perdre son travail et qui voulait en profiter pour faire de nouveaux choix… Il y a eu beaucoup de moments d’émotion – par exemple en voyant certaines reprendre goût aux mouvements de leur corps –, nous nous sommes laissé aller à des fous rires de gamines et quelques larmes ont bien sûr aussi coulé.
La coach jouait un rôle essentiel dans ce cercle. Sa joie communicative, ses regards posés sur nous avec tant de douceur et de compassion ont fait sans aucun doute une partie du travail. Spécialiste des techniques de développement personnel, elle a naturellement fait profiter le groupe de son savoir et de son expérience. L’environnement contribue également au retour à soi : pas besoin d’aller au bout du monde pour découvrir de merveilleux paysages, ici, en Israël, et vivre cette expérience d’éblouissement. Quarante-huit heures de détox, de déconnexion des écrans, des appels téléphoniques, des mails : cette retraite fut un moment suspendu où nous avons accepté d’aller chercher quelque chose de nouveau au fond de nous-mêmes.
Ce n’est pas une nouvelle mode israélienne, mais surtout le moyen de puiser rapidement de nouvelles forces
Pour ceux qui ne sont pas beaucoup sortis de chez eux depuis le début de la guerre, laisser de côté le quotidien pour retrouver la joie d’être ensemble et de se relier les uns aux autres dans un collectif soudé autour des mêmes valeurs et de l’amour du pays, est une sorte de thérapie expresse. L’idée de ces retraites est d’y exprimer le meilleur de soi et d’en revenir apaisé. On ne guérit pas de tous ses maux, mais on renoue avec soi-même et avec l’autre, et cette énergie collective communique un véritable élan de vitalité, nécessaire à l’heure où nous avons besoin de forces pour affronter notre réalité.
Retraites en français
- Emma Ayache, coach et thérapeute : « Le souffle des femmes’ » – développement personnel, PNL, méditations hassidiques
- Nathalie Ohana, coach de vie : « Inspiration-Connexion-Authenticité-Joie » – ateliers d’écriture intuitive, cercles de parole, mouvements et théâtre
- Valérie Sabbah, coach littéraire : « Écrire tout simplement’ » – ateliers d’écriture et mouvements
Article publié dans ActuJ juillet 2025
Lien d’abonnement depuis Israël : https://journal.actuj.media-j.com/israel-abonnement
Secrétariat Israël : 058 461 62 62
Lien d'abonnement depuis la France : https://journal.actuj.media-j.com/france-abonnement