Une fuite explosive secoue l'establishment militaire israélien. Un document interne confidentiel, signé par le général de brigade (de réserve) Guy Hazut et révélé dimanche soir sur la chaîne 12, contredit frontalement la version officielle sur l'opération "Chars de Gédéon" menée à Gaza depuis mai dernier.
Dans ce rapport préparatoire à la prochaine phase d'occupation de la bande de Gaza, le général Hazut, chef du système d'apprentissage des forces terrestres, livre une analyse impitoyable : "Nous avons échoué dans l'opération 'Chars de Gédéon'."
Cette conclusion tranche radicalement avec les déclarations du chef d'état-major, le général de division Eyal Zamir, qui affirmait il y a une semaine seulement que l'opération avait "atteint ses objectifs".
Une stratégie militaire remise en cause
Le document accuse Israël d'avoir mené la guerre "contrairement à sa doctrine de combat" et d'avoir commis "toutes les erreurs possibles". Parmi les dysfonctionnements identifiés : fourniture involontaire de ressources à l'ennemi, absence de calendrier précis, gestion défaillante des moyens militaires, épuisement des forces et perte de crédit international.
Plus préoccupant encore, l'analyse souligne que "le Hamas avait toutes les conditions pour survivre et gagner : ressources, taille et méthode de combat appropriée". Le mouvement terroriste palestinien n'aurait été vaincu "ni militairement ni politiquement", selon le document, tandis que les otages n'ont été libérés "ni par un accord ni dans le cadre d'une opération de Tsahal" comme fixé par les objectifs initiaux de la campagne.
Des erreurs stratégiques majeures
Le général Hazut pointe plusieurs défaillances structurelles dans la conduite des opérations. Israël aurait privilégié "la logique de la dissuasion à la logique de la décision", espérant obtenir un nouvel accord diplomatique - une stratégie que le Hamas aurait parfaitement comprise et exploitée à son avantage.
L'aide humanitaire constitue un autre point de critique majeur. Selon le document, les échecs dans sa planification et sa mise en œuvre ont permis au Hamas de mener "une campagne mensongère, mais efficace, autour d'une soi-disant famine".
Un effondrement systémique sur le terrain
L'analyse révèle également un "effondrement systémique" de la manœuvre terrestre. Les forces israéliennes n'auraient pas concentré leurs efforts sur les centres de gravité stratégiques, retournant "à plusieurs reprises dans les mêmes zones où elles avaient déjà manœuvré dans le passé".
Le rythme opérationnel, ralenti par la priorité accordée à la sécurité des forces et le manque de ressources, aurait entravé "des réalisations significatives". La préservation des troupes aurait même pris le pas sur la mission elle-même, entraînant "une usure continue des combattants et des armes" sans répondre efficacement à la guérilla du Hamas.
Des succès partiels reconnus
Malgré ce constat d'échec global, le document reconnaît certaines réalisations : destruction généralisée des infrastructures du Hamas, dommages importants infligés aux cadres de l'organisation, élimination d'une partie de la direction - notamment le leader Mohammed Sinwar - et rapatriement de dépouilles d'otages en Israël.
Face à ces révélations embarrassantes, l'état-major israélien a rapidement réagi. Un porte-parole de Tsahal a dénoncé une diffusion "sans autorisation et sans l'approbation des autorités compétentes", annonçant l'ouverture d'une enquête.
L'armée maintient sa version officielle : "Tsahal a atteint les objectifs fixés dans le cadre de l'opération 'Chars de Gédéon' et a obtenu de nombreux résultats. Tsahal est actuellement dans la deuxième phase de l'opération et continue d'œuvrer à la réalisation des objectifs de la guerre."
Une fuite qui interroge
Cette fuite soulève des questions sur les dissensions internes au sein de l'appareil militaire israélien. Le fait qu'elle émane du général Hazut, officiellement habilité à traiter ces questions stratégiques, lui confère une crédibilité particulière et révèle possiblement des tensions profondes sur la conduite de la guerre à Gaza.
Alors qu'Israël s'apprête à entamer une nouvelle phase d'occupation de la bande de Gaza, ce document jette une lumière crue sur les défaillances de la stratégie militaire et pourrait influencer les débats sur la suite des opérations.