Israël

Israël construirait un nouveau réacteur nucléaire à Dimona

Ces révélations de l'Associated Press se basent sur l'analyse d'images satellites par des experts internationaux

3 minutes
3 septembre 2025

ParJohanna Afriat

Israël construirait un nouveau réacteur nucléaire à Dimona
Centrale nucléaire de Dimona Photo by Yaakov Naumi/Flash90

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Israël poursuivrait discrètement l'expansion de son complexe nucléaire de Dimona, selon de nouvelles révélations de l'Associated Press basées sur l'analyse d'images satellites par des experts internationaux.

Les travaux se concentrent sur l'édification d'une imposante structure au sein du Centre de recherche nucléaire Shimon Peres, dans le désert du Néguev. Selon les images captées le 5 juillet par Planet Labs, l'intensification des activités de construction est flagrante : d'épais murs de soutènement en béton ont été érigés, des grues dominent le chantier, et la structure semble comporter plusieurs niveaux souterrains.

Sept experts nucléaires ayant analysé ces clichés s'accordent sur un point : cette construction est directement liée au programme d'armement israélien. Leurs interprétations divergent néanmoins sur la nature exacte du projet. Trois spécialistes penchent pour un nouveau réacteur à eau lourde, capable de produire le plutonium nécessaire aux armes nucléaires. Les quatre autres évoquent soit un réacteur, soit une nouvelle usine d'assemblage d'ogives.

"Il s'agit probablement d'un réacteur", analyse Jeffrey Lewis, expert au Centre James Martin pour les études sur la non-prolifération. "Il est très difficile d'imaginer qu'il s'agisse d'autre chose."

Cette construction n'est pas récente. L'Associated Press avait déjà signalé des excavations sur le site en 2021, révélant alors une fosse d'environ 150 mètres sur 60. Depuis, les travaux se sont considérablement intensifiés, suggérant un projet de longue haleine.

Le vieillissement de Dimona justifie-t-il cette expansion ?

Le réacteur original de Dimona, mis en service dans les années 1960, fonctionne depuis bien plus longtemps que la plupart de ses contemporains. Cette longévité exceptionnelle pourrait justifier sa rénovation ou son remplacement, selon les experts.

"S'il s'agit d'un réacteur à eau lourde, ils souhaitent conserver la capacité de produire du combustible usé qu'ils pourront ensuite retraiter pour séparer le plutonium", explique Daryl Kimball, de l'Association pour le contrôle des armements. L'expert soulève une question cruciale : "Soit ils construisent une installation pour entretenir leur arsenal, soit pour fabriquer davantage d'ogives."

Une autre hypothèse concerne la production de tritium, élément qui se désintègre de 5% chaque année et doit être régulièrement renouvelé pour maintenir l'efficacité des ogives existantes.

Israël maintient depuis des décennies sa politique d'"ambiguïté nucléaire", ne confirmant ni ne niant posséder l'arme atomique. Cette stratégie, initiée après les guerres consécutives à la création d'Israël en 1948, vise à dissuader ses adversaires régionaux sans provoquer d'escalade ouverte.

Les estimations actuelles créditent Israël d'environ 90 ogives nucléaires, selon le Bulletin of Atomic Scientists. Comme l'Inde et le Pakistan, l'État hébreu utilise des réacteurs à eau lourde pour produire le plutonium nécessaire à ses armes, échappant ainsi aux contraintes du Traité de non-prolifération qu'il n'a jamais signé.

L'Agence internationale de l'énergie atomique, organisme de surveillance nucléaire de l'ONU, confirme qu'Israël n'est "pas obligé de fournir des informations" sur ses installations nucléaires, hormis son réacteur de recherche civile de Sorek.

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