Entre 70 000 et 80 000 habitants de la ville de Gaza ont quitté leurs foyers pour se diriger vers le sud de l'enclave palestinienne au cours des deux dernières semaines, soit une infime proportion du plus d'un million de résidents, selon des estimations des services de sécurité israéliens publiées ce mercredi. Cette migration, motivée par l'intensification des combats, se heurte aux tentatives du Hamas d'empêcher le départ des civils.
La majorité de ces déplacements se sont concentrés sur les 72 dernières heures, révélant l'urgence de la situation pour les habitants du nord de Gaza. Cette fuite massive intervient alors que l'armée israélienne intensifie ses opérations dans la région, poussant les civils à chercher refuge dans des zones jugées plus sûres.
Les autorités israéliennes, par la voix du porte-parole arabe de Tsahal Avihai Adraee, ont diffusé des annonces destinées à guider les habitants vers des "zones d'évacuation humanitaire". Cependant, ces directives se heurtent à la propagande contradictoire du Hamas, qui conteste la sécurité de ces zones refuges.
Le Hamas freine l'évacuation par crainte stratégique
L'organisation palestinienne redoute que le départ massif des civils ne prive ses combattants de "boucliers humains", tactique largement documentée dans les conflits urbains. Cette stratégie explique les efforts du Hamas pour dissuader, voire empêcher physiquement, l'évacuation de la population.
Le bureau d'information gouvernemental du Hamas a ainsi mis en garde contre les "souffrances, la surpopulation et la faim" qui attendraient les évacués dans les zones de Mu'atzi et les camps centraux, prétendument incapables d'absorber un tel afflux de personnes.
Plus explicitement, une chaîne de télévision contrôlée par la branche militaire du Hamas a qualifié les annonces israéliennes de "mensonge visant à forcer les habitants à évacuer vers des zones proches des positions de nos forces", accusant Israël de vouloir délibérément cibler les civils.
Un habitant de Gaza, s'exprimant anonymement lors d'un échange avec un officier israélien chargé de coordonner les activités gouvernementales dans les territoires, a livré un témoignage saisissant : "Nous voulons aller vers le sud, mais le Hamas nous en empêche. Ils disent aux gens : rentrez chez vous, il n'y a pas d'évacuation, retournez, retournez, et les gens se dispersent."
Ce témoignage, diffusé par l'armée israélienne, révèle la détresse des civils pris entre deux feux. "La vie des gens est en danger, certains empruntent les rues adjacentes et cherchent d'autres itinéraires", poursuit le témoin, décrivant les stratégies de contournement développées par les habitants.
Selon les sources sécuritaires israéliennes, le Hamas a déployé ses forces sur des points stratégiques, notamment "sur la plage près de Naplouse et à proximité d'autres endroits", pour contrôler et entraver les mouvements de population sur les routes principales. Cette tactique vise à maintenir les civils dans les zones de combat, compliquant les opérations militaires israéliennes.
Défis humanitaires
Face à cet afflux massif, les autorités s'efforcent d'élargir "l'espace humanitaire" dans le sud de Gaza pour accueillir près de deux millions d'habitants potentiels. Cette mission titanesque nécessite une adaptation rapide des infrastructures existantes.
Les opérations d'aide humanitaire se concentrent sur l'élargissement de la capacité des convois de camions d'assistance, avec une priorité accordée à l'acheminement de nourriture et de matériel médical vers les zones d'accueil surchargées.
Malgré ces tensions et les difficultés imposées par le Hamas à sa propre population, les services de renseignement israéliens n'anticipent pas de "manifestation locale des habitants contre le Hamas". Cette analyse suggère soit une crainte persistante de la répression, soit un contrôle social encore efficace de l'organisation palestinienne sur la population gazaouie.
Les experts sécuritaires prévoient néanmoins que "les habitants du nord de la bande de Gaza continueront d'évacuer vers le sud".