Israël

Le bilan des 700 jours de guerre

Le conflit en cours a totalement redéfini les équilibres au Moyen-Orient

4 minutes
5 septembre 2025

ParJohanna Afriat

Le bilan des 700 jours de guerre
Tsahal à Gaza

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Il y a exactement 700 jours, l'attaque surprise du Hamas contre Israël marquait le début d'un conflit qui a redéfini les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient. Le massacre de plus de 1 200 Israéliens, l'enlèvement de 251 personnes et les tirs de missiles sur le sud du pays ont déclenché une guerre définie comme multi-dimensionnelle.

Une décapitation méthodique du Hamas

L'armée israélienne a obtenu des résultats significatifs dans son démantèlement des capacités militaires du Hamas. Selon les données officielles, quelque 13 000 terroristes palestiniens ont été tués, dont 125 hauts commandants. L'infrastructure de tunnels, surnommée le "métro du Hamas", a été largement détruite, tout comme de nombreuses usines d'armement et lance-roquettes.

La stratégie d'éliminations ciblées s'est avérée particulièrement efficace. Yahya Sinwar, cerveau présumé de l'attaque du 7 octobre et dirigeant du Hamas à Gaza, a été tué en octobre 2024 lors d'un affrontement à Rafah. Son frère Muhammad, responsable de la construction du réseau de tunnels, a été tué en mai 2025 sous l'hôpital européen de Khan Younès.

La liste des dirigeants éliminés s'étend également à Muhammad Deif, chef de l'aile militaire du Hamas tué en juillet 2024, et à Ismaïl Haniyeh, responsable du bureau politique assassiné en Iran le même mois. Ces décapitations ont profondément déstabilisé l'organisation, désormais dirigée par un comité temporaire jugé moins influent.

Israël revendique un ratio "favorable" de victimes civiles par rapport aux terroristes (1:2 à 1:3) - l'un des plus faibles jamais enregistrés dans le contexte d'une guerre urbaine - et met en avant l'acheminement de près de 370 000 tonnes d'aide humanitaire.

Extension du conflit : du Liban au Yémen

La guerre a rapidement débordé les frontières de Gaza, avec l'envoi de milliers de drones, missiles et roquettes du Hezbollah contre Israël. Au Liban, l'armée israélienne revendique l'élimination de 330 terroristes du Hezbollah, dont 30 commandants, culminant avec l'assassinat de Hassan Nasrallah, secrétaire général de l'organisation chiite.

Israël a étendu ses opérations jusqu'au Yémen et à l'Iran. L'opération "Tifat Mazal" au Yémen a permis d'éliminer il y a quelques jours plusieurs ministres houthis, tandis que l'opération "Eveil du lion" en Iran a visé des hauts responsables des Gardiens de la révolution, y compris le chef d'état-major Mohammad Baqeri et le commandant Hossein Salami, ainsi que les infrastructures nucléaires du pays.

L'escalade a également touché la Syrie, où Israël a multiplié les attaques contre les positions iraniennes et les convois d'armes destinés au Hezbollah. L'affaiblissement du Hezbollah et de l'Iran a permis le coup d'Etat dans le pays qui a provoqué la chute de Bachar al-Assad. Depuis la mise en place du nouveau pouvoir aux accointances jihadistes, Tsahal s'emploie à sécuriser la frontière.

L'épineuse question des otages

Malgré ces succès militaires, la question des otages demeure l'immense ombre au tableau. Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 203 ont été rapatriées dont 148 en vie. 48 otages demeurent en captivité à Gaza, dont seulement vingt seraient encore vivants selon les autorités israéliennes.

Un coût humain et économique lourd

Cette guerre n'est pas sans conséquences pour Israël. 900 soldats ont perdu la vie et des milliers d'autres ont été blessés. Sur le plan civil, 200 000 habitants ont été évacués des zones frontalières, tandis que l'économie a subi de lourds dommages : fermeture des routes commerciales, effondrement du tourisme et destruction d'infrastructures.

Un tournant stratégique

Au-delà des bilans chiffrés, cette guerre marque un changement de doctrine. Israël est passé d'une posture défensive, privilégiant la dissuasion, à une approche offensive visant l'élimination physique des menaces. Cette transformation s'accompagne d'une capacité opérationnelle étendue, permettant des frappes simultanées sur plusieurs théâtres d'opérations.

Le soutien international, notamment américain, a facilité cette stratégie. Washington a contribué à la défense antimissile et fourni un parapluie diplomatique.

Défis d'avenir

Alors que le conflit entre dans sa troisième année, de nombreuses questions demeurent. La destruction des capacités du Hamas est-elle suffisante pour garantir la sécurité à long terme ? Quelle sera la gouvernance future de Gaza ?

L'extension géographique du conflit soulève également des interrogations sur les risques d'embrasement régional et la capacité d'Israël à maintenir cette pression sur multiple fronts sans épuisement de ses ressources.

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