Nombreux sont les analystes économiques qui critiquent régulièrement les décisions du gouvernement et du ministère des Finances israéliens. Pourtant, ces derniers temps, une part considérable d'entre eux reconnaît les performances remarquables de l'économie israélienne en dépit du conflit en cours.
Sever Plocker, commentateur économique chevronné du quotidien Yedioth Ahronoth, observe dans sa chronique hebdomadaire : « Si, à la veille de Rosh Hashana 5784, j'avais demandé aux principaux économistes israéliens de prédire l'impact sur notre économie de ce qui s'est effectivement produit – les massacres, les enlèvements, les guerres, les victimes –, leur diagnostic aurait été catégorique : un désastre économique total. Or, malgré la concrétisation de la plupart de ces scénarios catastrophes, lorsqu'on demande à l'Israélien moyen comment il va, sa réponse est invariablement : "Merci, tout va très bien jusqu'à présent, hormis la dépression et l'anxiété." »
L'analyste dresse ensuite un bilan éloquent des performances économiques du pays : « Le chômage ? Inexistant. L'inflation ? Maîtrisée. L'immobilier ? En baisse. Le shekel ? Robuste. L'épargne ? En forte progression grâce à la bourse. La fiscalité ? Encore tolérable. L'Europe ? Toujours accessible. Les États-Unis ? À nos côtés. La high-tech ? Très demandée à l'international. Les déficits budgétaires ? Pas plus importants qu'en France, en Belgique, aux États-Unis ou dans d'autres pays développés. Le ratio dette publique/PIB ? Inférieur à celui de la France, de l'Italie, du Royaume-Uni ou des États-Unis. Le secteur privé ? Sa rentabilité atteint des records. Les salaires réels ? Préservés. »
Sami Peretz, analyste senior du journal économique TheMarker, qualifie également cette situation d'« énigme ». « Il y a quelques jours, des experts se sont réunis dans un immeuble de bureaux de Tel-Aviv pour tenter de percer le mystère de la résistance économique israélienne face à la guerre la plus longue et la plus coûteuse de l'histoire du pays », écrit-il. « Comment expliquer que l'économie reste solide alors que le conflit a déjà coûté plus de 200 milliards de shekels en dépenses directes, auxquels s'ajouteront des centaines de milliards supplémentaires dans les années à venir pour augmenter le budget de la défense et rembourser la dette ? Comment comprendre que le shekel se renforce, que la bourse ait progressé de dizaines de pourcents depuis le 7 octobre, que le chômage demeure faible et que les recettes publiques dépassent largement les prévisions ? »
Yigal Mosco, journaliste de la chaîne N12 pourtant critique habituel du gouvernement, s'interroge récemment sur le réseau X : « J'aimerais qu'on m'explique clairement pourquoi la bourse a progressé et le shekel s'est renforcé malgré deux dégradations de notre notation de crédit et malgré les 250 milliards de shekels (au minimum) que nous avons consacrés à cette guerre. »
Certains journalistes et commentateurs persistent à dénoncer la politique économique menée par le ministre des Finances, Betsalel Smotrich, et le gouvernement, tout en s'interrogeant sur les raisons de cette excellente tenue économique.
Il s'agit là d'observateurs qui, ces dernières années, avaient prédit l'effondrement de l'économie israélienne et publié des prévisions alarmistes qui ne se sont finalement pas concrétisées.