Après d'intenses pressions de l'administration américaine, influencée par le puissant lobby pétrolier et gazier, le ministre israélien de l'Energie et des Infrastructures, Eli Cohen, devrait annoncer l'approbation d'un accord d'exportation colossal du gisement Léviathan vers l'Égypte, estimé à 35 milliards de dollars. Cet accord engagerait Israël à exporter une certaine quantité de gaz jusqu'en 2040.
Les détails de l'accord ont été rendus publics dès août, mais depuis, les équipes du ministère et le ministre Cohen ont réexaminé les volumes autorisés pour tenter d'éviter une pénurie future affectant les réserves nationales, ce qui impacterait directement les prix de l'électricité.
En effet, Israël doit jongler entre la volonté d'exporter son gaz et la nécessité de garder pour le marché national des quantités suffisantes pour éviter l'augmentation du prix de l'électricité.
Dans les années à venir, l'électricité israélienne dépendra de plus en plus du gaz naturel, plaçant le gouvernement face à un dilemme majeur : faut-il conserver pour le pays le gaz produit principalement dans les gisements de Tamar et Léviathan, exploités par le géant américain Chevron qui détient des parts dans les deux sites, ou bien saisir des opportunités économiques, diplomatiques et sécuritaires avec les voisins arabes comme l'Égypte et la Jordanie, voire d'autres pays à l'avenir ?
Pour équilibrer ces intérêts, il a été décidé qu'une commission interministérielle se réunirait tous les cinq ans pour définir la politique gazière. Actuellement, cette commission est présidée par Yossi Dayan, directeur général du ministère de l'Énergie.
Malgré de fortes résistances internes, le ministre Cohen devrait donc entériner l'accord d'exportation de gaz vers l'Egypte créant une dépendance vis-à-vis d'Israël, tout en s'assurant que les conditions restent conformes aux intérêts sécuritaires et économiques du pays.