Dans une lettre adressée aux directrices d’oulpanot et de lycées religieux, plusieurs figures rabbiniques de la mouvance sioniste religieuse ont exigé d’interdire l’accès aux organisations qui promeuvent le service militaire des jeunes filles. Selon eux, de telles initiatives portent atteinte à Tsahal et aux valeurs de la halakha : « Quiconque encourage les filles à s’engager affaiblit la capacité de l’armée à combattre efficacement ».
Les rabbins reconnaissent que durant la guerre actuelle à Gaza -“Glaivess de fer”- des femmes ont fait preuve de bravoure. Mais, selon eux, « cela ne saurait justifier l’enrôlement des filles dans l’armée. L’audace, la responsabilité et le dévouement peuvent s’exprimer aussi dans des cadres civils. Si Tsahal a réellement besoin des jeunes filles, il devrait leur offrir des cadres civils de volontariat en dehors de l’armée ».
Ils avancent également un argument religieux et social : « Dans un cadre civil, les filles ne servent pas dans des unités mixtes avec des hommes, ne sont pas soumises à l’autorité de commandants pouvant leur imposer des tâches contraires à leurs convictions, et gardent leur indépendance ».
Les signataires rappellent que depuis la création de l’État et de Tsahal, le Grand Rabbinat a toujours interdit le service militaire des femmes, même en temps de guerre : « Les femmes doivent aider depuis l’arrière, mais ne pas faire la guerre elles-mêmes. S’opposer à cette directive, c’est se rebeller contre les décisions rabbiniques ».
Les rabbins fustigent aussi la présence des femmes dans les unités de combat : « Les soldats et commandants savent depuis longtemps que l’intégration des filles dans les équipes de combat apporte plus de nuisances que d’avantages. Tsahal n’a pas vocation à satisfaire des agendas progressistes, mais à vaincre et à sauver des vies ».
La lettre s’adresse enfin aux adolescentes religieuses : « Si tu veux aider les soldats, leurs femmes, leurs parents et leurs enfants, dis à Tsahal que tu ne t’engageras pas. Par ce choix, tu rejoins les héroïnes silencieuses de notre génération, des jeunes filles soucieuses d’agir et d’influencer sans s’éloigner des paroles de nos grands rabbins ».
Au même moment, lors d’une réunion de la commission de contrôle de l’État à la Knesset, le chef de la direction des ressources humaines de Tsahal, le général Dado Bar Kalifa, a donné une autre perspective : « Aujourd’hui, 40 % des jeunes filles religieuses s’engagent, y compris ma propre fille. Je ne suis pas prêt à ce qu’on lui interdise de servir là où elle le souhaite, même comme combattante. Actuellement, 5 000 jeunes filles veulent rejoindre des unités de combat, des chiffres sans précédent. »