À l’approche de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, où il devrait annoncer officiellement la reconnaissance de l’État palestinien, « la polémique enfle en France », écrit le Maariv, quotidien plutôt orienté à droite : « Le geste, inédit sur le plan diplomatique, suscite des critiques sévères, tant pour le calendrier que pour l’absence de conditions préalables à cette reconnaissance. »
Sur Europe 1, plusieurs auditeurs et personnalités ont exprimé leur désapprobation, relate le quotidien israélien. L’un d’eux, Yvan, a déclaré : « Ce n’est pas le bon moment, et ce n’est pas le bon président pour le faire. » Selon lui, Macron, surnommé autrefois « le Mozart de l’économie », aurait échoué sur le plan économique et social, et continuerait aujourd’hui à fragiliser le pays en reconnaissant l’État palestinien. Il viserait, selon lui, à marquer l’histoire à tout prix, mais ce faisant, il risque d’aggraver l’antisémitisme et de diviser davantage la société.
L’ancien secrétaire d’État Pierre Lellouche a lui aussi dénoncé le « narcissisme » de Macron, estimant qu’il cherche avant tout à rester sous les projecteurs. Après avoir essuyé trois défaites électorales consécutives, le président se concentrerait désormais sur les affaires internationales où il dispose encore d’une marge de manœuvre, notamment sur les questions liées à l’Ukraine et aux Palestiniens. Lellouche souligne des incohérences dans ses positions : « En début de guerre en Ukraine, Macron prônait la prise en compte des intérêts russes, alors qu’aujourd’hui il décrit la Russie comme une menace existentielle. De même sur le dossier palestinien : en octobre 2023, il soutenait Israël et appelait à une coalition contre le Hamas, et aujourd’hui il reconnaît l’État palestinien. »
Le Maariv cite également Jonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France : « La reconnaissance palestinienne ne peut intervenir avant la libération des otages et la neutralisation du Hamas. » À défaut, il s’agirait, selon lui, d’un « cadeau aux terroristes » et d’un manque de respect envers les victimes, dont cinquante citoyens français assassinés le 7 octobre.
Frank Taïeb, publicitaire, dénonce également sur Europe 1 une décision prise « sans conditions », accentuant le sentiment de distance et d’aliénation au sein de la communauté juive en France. Le choix du moment, coïncidant avec le Nouvel An juif, renforce l’impression d’une série de coups durs infligés à cette communauté.
Les sondages reflètent cette désapprobation, explique le Maariv : selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, 33 % des Français s’opposent à la reconnaissance, tandis que 38 % considèrent qu’elle ne devrait intervenir qu’après la libération des otages et la reddition du Hamas. Au total, 71 % de la population rejettent donc cette initiative à ce stade. Sans parler de la cote de popularité de Macron, qui « plonge » : son taux de satisfaction s’établit à 17 %, un niveau proche du plus bas historique enregistré sous François Hollande.