Il y a exactement un an, le 27 septembre 2024 à 18h21, 83 bombes s'abattaient simultanément sur le quartier de Dahiyeh à Beyrouth, éliminant Hassan Nasrallah dans son bunker souterrain. Pour la première fois, le général de brigade A., responsable de cette opération historique baptisée "Nouvel Ordre", révèle les coulisses de cette frappe chirurgicale qui a bouleversé l'équilibre géopolitique régional.
Dans la salle de contrôle : tension et précision absolue
Ce vendredi 27 septembre, dans la cellule d'assassinats ciblés de la Kirya, le quartier générale de Tsahal, une quarantaine d'officiers suivaient l'opération en temps réel. Parmi eux, le chef d'état-major de l'époque, Herzi Halevi, le commandant de l'armée de l'air Tomer Bar et le chef de la division du renseignement. La tension était palpable, les regards fixés sur les écrans.
Au même moment, Benyamin Netanyahou prenait la parole à l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, captant l'attention médiatique mondiale. Deux minutes après la fin de son discours, le feu vert était donné. Les F-15 du 69e escadron "Hammer" décollaient avec leur charge mortelle, chacun emportant plusieurs missiles et bombes lourdes.
Une traque de plusieurs années
"Cette opération trouve ses racines bien avant le 7 octobre", explique le général de brigade A. "Nous traquions Nasrallah depuis des années. Au point que certains membres des services de renseignement le connaissaient même mieux que leurs propres épouses."
La précision requise était extrême : "Il faut une précision d'un mètre, d'un mètre et demi tout au plus. Si je me trompe et que je frappe même 3 mètres plus bas, je ne l'atteins pas", souligne l'officier supérieur.
Le bunker de 20 mètres de profondeur
La cible se trouvait dans un complexe souterrain d'environ 20 mètres de profondeur à Dahiyeh, en banlieue de Beyrouth. Cette structure, construite grâce à la technologie iranienne et dont l'accès était restreint à un petit nombre de membres du Hezbollah, était connue des services israéliens.
"Nasrallah, depuis la Seconde Guerre du Liban, se savait traqué. Il ne se rendait que dans des endroits protégés pour mener sa vie et rassembler les personnes qu'il souhaitait", analyse le général de brigade A.
83 bombes en 12 secondes
L'exécution a été d'une précision chirurgicale. En seulement 12 secondes, une dizaine d'avions ont largué 83 bombes pesant environ une tonne chacune. "Certaines bombes étaient conçues pour pénétrer profondément dans le sol. D'autres visaient à bloquer l'accès à l'extérieur depuis l'intérieur du bunker en faisant s'effondrer les ouvertures", détaille l'officier.
Les munitions n'ont pas toutes frappé le même point mais ont été réparties sur un périmètre de quelques dizaines de mètres autour du complexe, assurant une destruction totale de la structure.
La décision d'éliminer Nasrallah avait été prise environ dix jours avant l'opération. L'incident de Majdal Shams, où 12 enfants ont été tués tués par une roquette du Hezbollah a "changé la donne pour toute la guerre dans le Nord", selon le commandant.
Selon le général de brigade A., cette élimination, combinée à celles d'Ibrahim Aqil et Fuad Shukar, commandants de la force militaire du Hezbollah, a provoqué un bouleversement au sein de l'organisation. "Elle n'a pas été vaincue, mais elle a perdu son efficacité. C'est ce qui a finalement causé la défaite du Hezbollah."
La réponse du Hezbollah : défiance et continuité
Un an après l'élimination de leur leader historique, le Hezbollah a marqué cet anniversaire par plusieurs cérémonies commémoratives. L'organisation a observé une minute de silence à 18h21 précises, l'heure exacte de la mort de Nasrallah dans le quartier de Dahiyeh.
Le chef par intérim de l'orgnisation terroriste, Naim Qassem, a prononcé un discours depuis un lieu tenu secret, sa voix diffusée sur des écrans géants à Beyrouth. "Les ennemis ne connaîtront pas la paix tant que tu seras parmi nous, et ils ne gagneront pas tant que tes enfants et tes proches resteront fidèles à l'alliance", a-t-il déclaré en s'adressant à la mémoire de Nasrallah.
Dans une posture de défi face aux pressions internationales, Qassem a affirmé : "Nous avons continué même après ton absence et resterons des garants de confiance. Nous ne quitterons pas l'arène et ne désarmerons pas." Cette déclaration intervient précisément alors que les puissances occidentales appellent au démantèlement des capacités militaires du Hezbollah.
Le dirigeant par intérim a également accusé Israël et les États-Unis d'avoir poursuivi leurs objectifs politiques après l'échec militaire : "L'objectif des attaques était d'éliminer la résistance au Liban et en Palestine. Israël a poursuivi son agression même après l'accord de cessez-le-feu, et les États-Unis l'ont soutenu."
Parallèlement à ces déclarations, la chaîne Al-Mayadeen, proche du Hezbollah, a publié ce qu'elle présente comme la "dernière photo" de Nasrallah, prise selon elle quelques jours seulement avant son élimination. L'image le montre dans une salle d'opérations sans son emblématique turban, avec une carte d'Israël visible en arrière-plan, symbolisant la persistance de l'obsession anti-israélienne de l'organisation.