Culture

Des survivants et proches de victimes s'insurgent contre une série israélienne sur le 7 octobre

Les familles de victimes jugent sa diffusion prématurée et inappropriée

3 minutes
30 septembre 2025

ParJohanna Afriat

Des survivants et proches de victimes s'insurgent contre une série israélienne sur le 7 octobre
L'actrice Rotem Selah dans la série "Or Rishon" Photo : Capture d'écran Keshet 12

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La sœur de Shai Regev, tuée près du kibboutz Reim après avoir fui le festival Nova, a lancé une mobilisation contre la diffusion prochaine de "First Light" (Or Rishon) sur Channel 12. Cette mini-série qui retrace les événements du 7 octobre avec l'actrice Rotem Sela, suscite l'indignation des familles de victimes qui jugent sa diffusion prématurée et inappropriée.

"J'ai été poignardée au ventre en voyant la vidéo promotionnelle", confie l'initiatrice de la pétition. "Soudain, j'ai vu des images censées montrer des gens fuyant le festival et j'ai réalisé que ma sœur faisait partie de cette reconstitution." Elle dénonce le décalage choquant entre le marketing autour de cette production et la réalité du deuil : "J'imagine les gens assis chez eux à manger du pop-corn et à se demander si le terroriste réussira à tuer quelqu'un ou non."

La pétition, qui recueille de nombreux soutiens sur les réseaux sociaux, souligne qu'il est encore trop tôt pour porter ces événements à l'écran. "La série sur la guerre de Kippour a été diffusée 50 ans plus tard", rappelle-t-elle. "Ce n'est certainement pas le moment de diffuser une telle série, alors que la guerre est toujours en cours, que des otages sont encore à Gaza et que des soldats sont tués chaque semaine."

"Faire Hollywood sur le dos des victimes"

Rotem Ezer, sœur de Guy Ezer tué le 7 octobre, rejoint la protestation. "Ce qui me dérange le plus, ce sont les commentaires des gens qui attendent de pouvoir regarder la série en boucle. J'ai l'impression qu'ils ont transformé mon pire cauchemar en un drame à suspense qui rapporte des millions."

Elle dénonce une production déconnectée de la réalité : "Cela dissocie et éloigne le 7 octobre de tout ce qui se passe actuellement, comme s'il s'agissait d'un événement qui s'est produit et qui s'est terminé. Il y a de vraies vidéos que je n'arrive toujours pas à sortir de ma tête à ce jour, des images du téléphone de mon frère."

Les protestataires reprochent également aux producteurs de ne pas avoir consulté les familles. "Nous avons le sentiment que notre traumatisme est jeté en pâture", déplore Rotem Ezer. "Personne à la production ne s'est demandé comment cela pouvait être fait avec sensibilité et réflexion. C'est comme faire Hollywood sur le dos des victimes, alors que nous sommes encore en plein traumatisme."

Mia Ginsburg, rescapée du festival Nova, abonde dans ce sens: "J'ai survécu au festival, j'ai perdu des amis chers et j'apprends encore à gérer le traumatisme. Voir qu'ils en font une série alors que des gens sont encore kidnappés à Gaza et que des soldats, dont mon frère, se battent, c'est exaspérant."

Une série basée sur des témoignages réels

"First Light" présente plusieurs récits parallèles basés sur des témoignages de personnes ayant vécu les événements : Batsheva Yahalomi du kibboutz Nir Oz, qui a échappé à ses ravisseurs avec ses filles tandis que son mari Ohad était kidnappé puis assassiné en captivité ; Tali Hadad d'Ofakim, qui a commandé l'évacuation des blessés ; des policiers qui ont combattu les terroristes et un habitant du Néguev qui s'est caché avec son bébé après le meurtre de sa femme.

Créée par les réalisateurs Lior Hefetz et Ruthie Efroni, et produite par Lawrence Bender, la série sera diffusée sur Paramount Plus à l'international. Ruthie Efroni a proposé de rencontrer l'initiatrice de la pétition.

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