Il y a près de dix ans, Leonard, militant sioniste bien connu de la communauté juive de New York, sortait du Barclays Center avec ses deux fils après un match de basket opposant le Maccabi Tel-Aviv aux Brooklyn Nets. Des manifestants pro-palestiniens les ont alors agressés. Leonard a été hospitalisé avec le nez brisé et plusieurs points de suture, sous les yeux de ses enfants alors âgés de 14 et 10 ans.
Loin de briser la famille, cet événement a semé une détermination nouvelle. Leonard avait déclaré à l’époque qu’il espérait voir ses fils s’engager un jour dans Tsahal. Une décennie plus tard, ce souhait s’est concrétisé.
D., 25 ans, vient de faire son aliyah et doit rejoindre l’armée israélienne en décembre comme soldat isolé. Son frère cadet, Y., 21 ans, sert depuis deux ans dans la brigade Golani. Tous deux sont accompagnés par les programmes de Nefesh B’Nefesh, le FIDF (Friends of the IDF) et Garin Tzabar.
« Voir mes enfants en uniforme, c’est notre victoire. Ils n’ont pas fui, ils ont choisi de construire », confie Leonard. Pour lui, l’attaque n’a pas affaibli leur identité juive, mais l’a renforcée.
D. explique que sa décision ne vient pas d’un rejet des États-Unis : « Je ne suis pas parti pour fuir. J’ai choisi de vivre pleinement ma vie juive et d’être acteur de l’avenir d’Israël. » Admirateur de la brigade Guivati, il souhaite y être incorporé. Il affirme que l’agression antisémite, comme d’autres, n’a fait que renforcer son engagement.
Le 7 octobre a été un tournant supplémentaire. « Chaque Juif contribue à Israël, spirituellement ou concrètement. Pour moi, servir est un privilège », dit-il.
Y., lui, a fait son aliyah un mois avant le début de la guerre et a insisté pour rentrer en Israël alors que d’autres tentaient de partir. « Ils ne voulaient pas regarder l’Histoire se faire sans eux », raconte leur père.
Leonard souligne que ses fils ont grandi dans un environnement profondément sioniste, entouré d’amis israéliens et de voyages réguliers en Israël. Mais l’engagement militaire, insiste-t-il, « ne peut pas être imposé. Cela doit venir de l’intérieur ».
Malgré l’inquiétude de voir ses deux fils en unité combattante, il parle de « fierté immense » : « Ils ont choisi d’écrire leur part de l’histoire juive et israélienne. »
Noya Govrin, directrice adjointe du programme des soldats isolés de Nefesh B’Nefesh et du FIDF, salue leur exemple : « Leur décision, en pleine période de crise, incarne la solidarité et la volonté de construire ici leur avenir. »
Nefesh B’Nefesh, fondée en 2002, accompagne les immigrants d’Amérique du Nord pour lever les obstacles financiers, sociaux et administratifs. Le FIDF, créé en 1981, soutient les soldats, les blessés de guerre et les familles endeuillées.
L’histoire de ces deux frères symbolise un phénomène croissant : des jeunes Juifs de diaspora qui, face à l’antisémitisme ou par conviction identitaire, ne se contentent plus d’observer Israël — ils choisissent d’y prendre part.