Les familles des otages libérés continuent de dévoiler les conditions inhumaines de détention subies par leurs proches durant leur captivité aux mains du Hamas.
Zvika Mor, père d'Eitan Mor, a révélé qu'après son enlèvement à Gaza, Eitan avait été menotté dans le dos pendant trois jours. Au cours de la première année, il a été détenu seul, en isolement total.
Pendant environ deux ans, le jeune homme a été déplacé entre une quarantaine de cachettes différentes, toutes situées dans la ville de Gaza, certaines en surface, d'autres en sous-sol. Zvika Mor a décrit des périodes de famine extrême durant lesquelles son fils ne recevait que quelques cuillerées de riz par jour.
Il a relaté un épisode particulièrement révélateur des conditions de détention de son fils : Eitan a une fois tenté de voler un pain pita et a été violemment battu en représailles. « Le terroriste qui le retenait l'a violemment battu », a raconté le père, précisant que c'est l'épouse du geôlier qui avait mis fin aux coups en criant à son mari d'arrêter.
Rom Braslavsky : détenu avec des cadavres
Le témoignage de Tami Braslavsky, mère de Rom Braslavsky, autre survivant de la captivité, est tout aussi glaçant. Elle a révélé que Rom avait été détenu seul pendant deux ans. Plus terrible encore, pendant une partie de cette période, il était enfermé avec les corps de personnes enlevées décédées.
Tami Braslavsky a précisé que son fils avait informé Gal Hirsch, responsable de la coordination des otages, de l'emplacement de ces corps dès son retour. Contrairement à d'autres otages, Rom n'a pas été détenu dans les tunnels souterrains. Il a par ailleurs été sévèrement battu avant sa libération. Il souffre désormais de fluctuations importantes de son taux de sucre dans le sang, séquelle probable de ses conditions de détention.
Keith Siegel et Matan Angrest : la solidarité dans l'enfer
Keith Siegel, libéré il y a huit mois dans le cadre du précédent accord sur les otages, a partagé ce dimanche un témoignage poignant sur sa captivité aux côtés de Matan Angrest, qui vient d'être libéré. Les deux hommes ont été détenus ensemble dans une petite pièce sans lumière avant d'être séparés fin février 2024, soit un an avant la libération de Keith.
« J'ai dit au revoir à Matan il y a un an et huit mois, sachant qu'il était grièvement blessé », a déclaré Siegel lors d'une interview à Galei Tzahal. Il a décrit comment ils s'entraidaient pour maintenir le moral : « Matan maintenait la bonne humeur. Nous nous entraidions et nous nous encouragions mutuellement. Nous riions ensemble et Matan m'a appris une chanson de supporter du Maccabi Haïfa. Il me donnait un peu de joie. »
Keith a révélé les tactiques de terreur psychologique employées par leurs geôliers : « Les terroristes n'arrêtaient pas de nous répéter que, comme j'étais vieux, je serais libéré et que Matan serait le dernier à rester, car c'était un soldat. Ils disaient qu'il serait le dernier de tous, qu'il serait comme Gilad Shalit. » Malgré ces menaces, Matan aurait répondu qu'il serait "heureux que je parte en premier ».
La famine était extrême. Siegel a raconté un épisode particulièrement émouvant : « Nous mangions à peine. Nous en ressentions les conséquences physiques et mentales. Un jour, ils nous ont jeté des pitas sur un matelas et Matan s'est porté volontaire pour manger la pita du bas, qui était sur le matelas dégoûtant, afin que je puisse manger la pita propre. »
Keith se souvient également que lorsque leurs ravisseurs n'apportaient que de la viande, Matan refusait de manger sachant que son compagnon était végétarien. « Il a fait d'énormes concessions et pensait aux autres avant de penser à lui », a souligné Siegel, impressionné par la force de caractère du jeune soldat.
« En termes d'âge, Matan aurait pu être mon enfant, voire plus jeune, mais j'avais l'impression que nous étions amis. Je voulais le protéger et j'ai fait de mon mieux », a confié Keith, ajoutant qu'ils parlaient beaucoup de leurs familles et de la passion de Matan pour le football.