Le Grand Rabbinat a demandé ce jour, lundi, à la Cour suprême d’Israël un nouveau procès pour réexaminer la décision rendue en juillet par le juge Noam Sohlberg, qui autorisait les femmes à se présenter aux examens rabbiniques. Dans sa requête, le Rabbinat invoque une « non-conformité halakhique », estimant que certains sujets abordés dans ces examens sont « interdits par nature » aux femmes selon la loi juive. Il a également demandé un sursis d’application afin que la mesure ne prenne pas effet immédiatement.
Cette démarche intervient trois mois après un jugement historique, rendu à l’unanimité, qui avait mis fin à une bataille juridique de six ans pour l’égalité d’accès aux examens donnant droit à une reconnaissance officielle et à des avantages financiers. Le Rabbinat soutient toutefois que permettre aux femmes de passer ces examens reviendrait, de facto, à leur conférer une autorité religieuse incompatible avec la Halakha, même si ce n’est pas leur intention initiale.
Les autorités rabbiniques actuelles ont évoqué la possibilité d’aménager les examens pour n’y inclure que les matières jugées « permises », et de proposer aux femmes des épreuves alternatives pour les autres.
Dans son argumentation, le Rabbinat dénonce un « changement fondamental dans les bases du système rabbinique en Israël », une « grave déviation par rapport aux traditions anciennes », et une atteinte directe au consensus halakhique contemporain.

Juge Sohlberg : « Le Rabbinat ne peut à la fois refuser aux femmes l’accès aux examens au motif qu’elles ne peuvent être ordonnées, tout en laissant les hommes les passer librement »
Pour rappel, ces examens dont les plus élevés confèrent les titres de Yoreh Yoreh -habilité à rendre des décisions halakhiques- ou de rabbin de ville — ouvrent la voie à des postes religieux publics et à des avantages équivalents à ceux d’un diplôme universitaire.
Le juge Sohlberg, rappelant que de nombreuses sources juives, anciennes comme modernes, encouragent la participation des femmes à l’étude et au leadership religieux, avait estimé que le Rabbinat ne pouvait à la fois refuser aux femmes l’accès aux examens au motif qu’elles ne peuvent être ordonnées, tout en laissant les hommes les passer librement, même sans intention d’occuper une fonction rabbinique. Il avait, de surcroît, rejeté la création d’un système parallèle réservé aux femmes, la qualifiant de modèle « séparé mais égal », incompatible avec les principes d’égalité.