Un nouveau sondage analysant les positions des Palestiniens concernant le massacre du 7 octobre et la guerre à Gaza révèle des données édifiantes : 43% des habitants de l'Autorité palestinienne s'opposent au désarmement du Hamas comme condition pour mettre fin à la guerre, tandis que 36% y sont favorables et 21% n'ont pas exprimé d'opinion. Autre donnée significative : 57% estiment que la prise d'otages israéliens ne sert pas "les objectifs nationaux palestiniens", contre 31% qui pensent le contraire.
Le professeur Sivan Hirsch-Hoefler, le professeur Gilad Hirschberger et la docteure Ronit Marzan ont mené cette enquête dans le cadre d'une collaboration entre le groupe "Tamar-Politography", le Centre de collecte et d'analyse de données et le programme de recherche "Du conflit aux arrangements" de l'Institut d'études de sécurité nationale (INSS). L'institut "Stat-Net", dirigé par Youssef Makladeh, a recueilli les données entre le 1er et le 7 septembre par le biais d'entretiens téléphoniques auprès d'un échantillon représentatif de la population palestinienne de Judée-Samarie.
Le droit d'existence d'Israël massivement contesté
Dans le contexte de la guerre, 54% des personnes interrogées nient le droit d'existence de l'État d'Israël, tandis que 38% reconnaissent ce droit. 69% ne croient pas qu'Israël existera pour toujours, contre seulement 16% qui pensent le contraire. 50% estiment qu'"il est possible de détruire l'État d'Israël" à la suite de l'attaque du 7 octobre, tandis que 40% jugent cela impossible. Le reste (10%) n'a pas exprimé d'opinion.
Une donnée particulièrement préoccupante : parmi les 18-34 ans, le taux d'opposition à l'existence d'Israël est exceptionnellement élevé (75%), comparé aux groupes d'âge plus âgés.
Une préférence pour un gouvernement d'union Hamas-Fatah
Les auteurs du sondage soulignent que l'option privilégiée par le public palestinien en Judée-Samarie est un gouvernement d'union entre le Hamas et le Fatah, qui bénéficie du soutien de 39% de la population. Parallèlement, 24% estiment qu'il faut restituer le contrôle de Gaza à l'Autorité palestinienne et 17% préfèrent une administration technocratique sous supervision des États arabes. Seulement 8% soutiennent la poursuite du règne exclusif du Hamas, et 12% ont préféré d'autres options ou n'ont pas exprimé d'opinion.
Un bilan mitigé de l'attaque du 7 octobre
Près de deux ans après le déclenchement de la guerre et des dizaines de milliers de morts à Gaza, 46% considèrent que la décision du Hamas de lancer l'attaque du 7 octobre était erronée. À l'inverse, 26% estiment qu'il s'agissait d'une "décision correcte", et 28% n'ont pas exprimé d'opinion sur le sujet.
Il existe également une divergence concernant l'impact sur les chances d'établissement d'un État palestinien : 35% pensent que les chances ont été compromises, tandis que 29% estiment que l'attaque les a favorisées. 25% considèrent que cela n'a pas eu d'impact réel, et 10% ont répondu ne pas savoir.
Les accords d'Abraham perçus comme une trahison
Dans le contexte des déclarations de l'administration Trump sur la volonté d'élargir les accords d'Abraham, 71% des personnes interrogées considèrent la normalisation entre Israël et les pays arabes comme "une trahison envers les Palestiniens". Cependant, lorsqu'on leur promet en échange de cette "alliance régionale incluant Israël" l'établissement d'un État palestinien, 48% y sont favorables et 43% s'y opposent.
Dans ce contexte, 52% des Palestiniens de Judée-Samarie soutiennent la "solution à deux États". En revanche, 28% soutiennent "un État palestinien unique du Jourdain à la mer sans Juifs", et 16% soutiennent "un État unique binational et démocratique". Lorsque la première option a été détaillée aux personnes interrogées, incluant une capitale à Jérusalem-Est et le retour des Palestiniens dans les frontières de leur État, le taux de soutien a bondi à 75%.
Préférence pour la négociation mais division sur la lutte armée
Au-delà de ces constats, 43% des Palestiniens de Judée-Samarie privilégient la négociation comme mode d'action et 17% préfèrent la "lutte armée" (terrorisme). 25% ont mentionné la "résistance non violente" (manifestations et émeutes).
Alors qu'environ 50% de la population estime que "la lutte armée" a échoué et qu'il faut se concentrer sur le combat diplomatique dans l'arène internationale, 43% rejettent cette affirmation. Lorsque la possibilité de persévérer dans cette voie "pour une victoire future" a été présentée, 49% l'ont soutenue et 43% s'y sont opposés.
Réformes internes et situation économique
Concernant la scène intérieure, 48% considèrent que la tenue d'élections et le changement de direction de l'Autorité palestinienne constituent "le changement le plus nécessaire pour qu'elle puisse conduire à un État palestinien". Seulement 13% voient dans la lutte contre la corruption et la réforme interne la priorité absolue. À peine 11% pensent qu'il faut de l'unité et une réconciliation entre les factions palestiniennes.
Néanmoins, 38% des personnes interrogées ont répondu que si des élections avaient lieu au sein de l'Autorité, elles ne voteraient pas. 25% ont répondu ne pas avoir d'opinion. Par ailleurs, le sondage montre que le Fatah bénéficie d'une préférence de 26% contre 6% pour le Hamas.
Concernant la situation en Judée-Samarie, une autre donnée ressortant du sondage indique que 87% des personnes interrogées ont déclaré que leur situation économique s'était détériorée, contre 12% dont la situation n'a pas changé et 1% dont la situation s'est améliorée. Dans le contexte de la guerre, 55% craignent beaucoup la destruction des villes palestiniennes comme cela s'est produit à Gaza, 19% le craignent assez, et 27% ne le craignent pas du tout ou ne le craignent pas vraiment.