La police militaire a ouvert ce mercredi une enquête criminelle contre de hauts responsables du bureau du procureur militaire, soupçonnés d'entrave à la justice et de divulgation de documents sensibles. Au cœur de l'affaire : la fuite d'une vidéo documentant des mauvais traitements présumés infligés à un détenu du Hamas dans le centre de détention militaire de Sde Teiman, souvent surnommé à l'international le "Guantanamo israélien".
Suite à l'ouverture de cette enquête, la procureure militaire en chef, la générale de division Yifat Tomer-Yerushalmi, a contacté le chef d'état-major, le général de division Eyal Zamir, pour lui annoncer qu'elle prenait un congé jusqu'à la conclusion de l'investigation. Le chef d'état-major a approuvé cette décision.
Selon l'entourage de la générale, ce retrait vise à "préserver l'intégrité de l'enquête et l'indépendance totale des enquêteurs". Elle devrait être entendue comme témoin dans un premier temps, bien que l'armée n'exclue pas pour l'instant qu'elle ait pu approuver la fuite de la vidéo.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, a réagi fermement à l'annonce de cette enquête : "Le chef d'état-major m'a informé qu'à la suite d'une enquête criminelle sur la fuite de l'enregistrement pris à la base de Sde Teiman et d'un examen de l'implication de certains membres du bureau du procureur militaire dans cette affaire, il a été décidé que le procureur militaire en chef serait mis en congé. Je salue et soutiens cette décision."
Il a poursuivi : "Il s'agit d'une affaire grave qui a jeté le discrédit sur les soldats de Tsahal en Israël et dans le monde entier, et elle doit faire l'objet d'une enquête approfondie."
Une vidéo au cœur du scandale
L'affaire remonte à septembre dernier, lorsqu'une vidéo montrant des réservistes de la Force 100 en train de maltraiter un détenu du Hamas a fuité dans les médias. Cinq soldats ont été mis en cause pour mauvais traitements dans le centre de détention de Sde Teiman.
Les militaires concernés ont nié les accusations, affirmant avoir utilisé la force nécessaire pour maîtriser un terroriste en pleine attaque. Ils ont également accusé des responsables du bureau du procureur général militaire d'avoir cherché à influencer le procès en divulguant cette vidéo.
En septembre, la procureure générale avait déclaré à la Haute Cour qu'"aucun indice initial n'a permis d'identifier la source du transfert d'informations" et que "les chances de constituer un dossier de preuves accablant par les moyens d'enquête sont extrêmement faibles". Pourtant, la conseillère juridique du Premier ministre, Gali Baharav Miara, a annoncé mercredi que "suite à de nouvelles informations récemment reçues", une enquête criminelle avait été ordonnée.
Tsahal soupçonne des proches de la générale de division Tomer-Yerushalmi d'avoir divulgué la vidéo ou d'avoir participé à sa diffusion. L'enquête déterminera si des membres du bureau du procureur militaire ont commis des infractions d'entrave à la justice en divulguant des documents d'enquête sensibles.