Société

Quand l’uniforme rencontre la vie de famille : les visages du dévouement

Entre missions à Gaza et biberons à la maison, ils jonglent entre devoir et tendresse. Officiers, mères, pères, couples – six militaires de carrière racontent comment, en pleine guerre, ils réussissent à conjuguer engagement absolu et amour familial.

4 minutes
29 octobre 2025

ParDelphine Miller

Quand l’uniforme rencontre la vie de famille : les visages du dévouement
Site officiel de Tsahal

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Le commandant qui a béni son fils depuis Gaza

Le major N., commandant de compagnie dans le bataillon Rotem de la brigade Guivati, n’a eu que quelques heures de répit depuis le 7 octobre. Pendant que son unité combattait à Gaza, son épouse Renana, enceinte, affrontait seule les alarmes et l’attente.
Après un mois sans contact, la première trêve lui a permis de rentrer à temps pour la naissance de leur fils, Sinai. Trois jours plus tard, il repartait pour la bande de Gaza. « Voir la vie recommencer au milieu de tant de mort m’a rappelé pourquoi nous nous battons », confie-t-il.
Le jour de la brit milah, il a assisté à la cérémonie par visioconférence depuis le front : « Je les voyais tous autour du bébé, moi j’étais sur l’écran – ce n’était pas ce que j’avais imaginé, mais c’était un moment vrai et fort. »
Pour lui, la guerre a bouleversé tout repère, mais pas la conviction : « Nos familles sont les vraies héroïnes. Sans elles, rien n’est possible. »


L’officière de l’air et sa fille : « Chaque avion qu’elle voit, c’est celui de maman »

La major H., commandante de l’atelier d’armement de la base 22, incarne la ténacité féminine dans un milieu encore masculin.
Seule avec sa fille, elle a passé des semaines entières sans la voir. « Un jour, elle n’a pas couru m’embrasser en rentrant. J’ai compris combien la distance pèse », raconte-t-elle.
Officière depuis 17 ans, elle commande près de cent soldats chargés de préparer les munitions des avions. « Si une pièce n’est pas prête à temps, c’est un avion de moins qui décolle. »
Son moteur ? Donner du sens à chaque mission. « Ma fille montre le ciel et dit : “C’est l’avion de maman.” Ça vaut tout. »


Le cuisinier devenu officier : « Si après la bouchée vient le sourire, on a gagné »

L’adjudant A., ancien soldat du génie, est aujourd’hui responsable de la restauration de la division 162.
« Je voulais que tout soit cuisiné par nos soins, pas livré. Quand on cuisine avec le cœur, les soldats le sentent. »
Entre deux livraisons de repas chauds au front, il est aussi père de quatre enfants, dont un né en pleine guerre. « J’ai dit à ma femme : tu vas me voir moins, mais je compenserai quand tout ça sera fini. »
Pour lui, la cuisine est un acte de commandement : « L’énergie passe par l’assiette. »


La colonelle des bénévoles : « Ils sont un maillon de la chaîne opérationnelle »

La lieutenant-colonelle A. dirige le corps des volontaires de Tsahal, fort de 80 000 personnes en Israël et à l’étranger.
« Dès le 8 octobre, on a compris qu’il fallait tout repenser. On a ouvert une salle de crise téléphonique pour intégrer rapidement les volontaires. »
Entre deux réunions de coordination, elle élève trois enfants, dont des jumeaux de sept ans. Son mari, réserviste, a lui aussi été rappelé.
« Ce n’est pas simple, mais je sais pourquoi je le fais. Ce travail donne du sens à chaque absence. »


Un couple en uniforme : les vendredis au QG

La major Sh. et l’adjudant B. se sont rencontrés à la base navale de Haïfa ; aujourd’hui, ils y servent tous deux.
Depuis la guerre, leur maison s’est transformée en poste avancé : « On fait la passation comme une relève : l’un sort avec les enfants, l’autre reste au service, puis on échange. »
Parfois, ils amènent leurs enfants dîner au mess : « Le vendredi, on fait le kiddouch sur la base. Ce n’est pas la normalité, mais c’est notre manière de rester unis. »
Ils rient quand on leur demande si leurs enfants suivront la même voie : « On ne voit pas d’autre option », répondent-ils en chœur.


Ces six voix racontent une même histoire : celle d’un pays où la guerre ne suspend pas la vie, mais la redéfinit.
Entre les cris des enfants et les ordres du front, ces familles portent un message simple : servir et aimer, sans jamais renoncer à l’un ni à l’autre.

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