Le mouvement civique “Quatrième Trimestre”, actif depuis les grandes manifestations politiques de ces dernières années, a récemment saisi l’Académie de la langue hébraïque pour obtenir une clarification officielle : les mots “Bibiiste” et “Kaplaniste” — désormais courants dans les discours publics et sur les réseaux sociaux — ne doivent pas être reconnus comme termes standards de l’hébreu moderne.
Dans leur lettre adressée aux linguistes, les représentants du mouvement dénoncent des mots “chargés d’hostilité”, utilisés selon eux pour étiqueter, stigmatiser et diviser. “Ces termes ne relèvent pas d’un registre descriptif mais d’une intention péjorative. Ils représentent une insulte et une exclusion, et n’ont pas leur place dans la langue officielle”, écrivent-ils.
L’usage du mot “Bibiiste” vise les soutiens les plus fidèles du Premier ministre Benjamin Netanyahou, tandis que “Kaplaniste” désigne les manifestants du mouvement de protestation né sur le boulevard Kaplan à Tel-Aviv. Ces deux termes, nés du climat politique tendu depuis le 7 octobre 2023 puis les deux années de guerre qui ont suivi, se sont imposés dans l’espace public mais restent absents du dictionnaire officiel.
L’Académie de la langue hébraïque n’a pas encore répondu publiquement à la demande. Selon plusieurs experts linguistiques consultés par IsraJ, l’institution se montre généralement prudente dès qu’un mot relève du champ politique ou polémique. La question soulève toutefois un débat plus large : celui de la frontière entre l’évolution naturelle de la langue et le risque de normaliser un vocabulaire qui divise la société.
En attendant une décision officielle, le mouvement “Quatrième Trimestre” affirme vouloir ouvrir une discussion sur la responsabilité collective dans l’usage des mots, estimant que “la langue façonne le débat, et le débat façonne la société”.