L’année 2025 s’impose comme la plus sanglante jamais recensée au sein de la société arabe en Israël. Selon le rapport annuel de l’organisation Initiatives Abraham, la violence ne touche plus seulement la société arabe mais fragilise l’ensemble du tissu social israélien. Les assassinats se succèdent à un rythme soutenu, sans sentiment de sécurité élémentaire, nourrissant un profond sentiment d’abandon et d’absence de réponse efficace de la part de l’État.
Les données sont sans appel : 88 % des victimes ont été abattues par arme à feu, illustrant la létalité et la disponibilité incontrôlée des armes. Plus de 72 % des personnes assassinées avaient entre 18 et 40 ans, et plus de la moitié entre 18 et 30 ans.
Le rapport met également en lumière un phénomène particulièrement préoccupant : des dizaines de victimes appartenaient à une même famille — frères, cousins, couples, parfois père et fils, parfois lors d’un même événement. La violence n’atteint plus seulement des individus, mais détruit des familles entières, durablement.
En 2025, 23 femmes arabes ont été tuées, un record absolu. Certaines ont été victimes de violences conjugales, d’autres de règlements de comptes criminels. Un chiffre qui souligne le prix particulièrement lourd payé par les femmes dans un contexte de défaillance des mécanismes de protection et de prévention.
Autre donnée alarmante : 12 citoyens arabes ont été tués lors d’interventions policières en 2025, une hausse marquée par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui appelle, selon les auteurs du rapport, à une enquête approfondie et à une transparence totale, afin d’éviter que l’usage excessif de la force ne devienne une norme dangereuse.
Pour la troisième année consécutive, Lod reste la ville la plus touchée en nombre de victimes, aux côtés de Nazareth. Rahat présente également un tableau particulièrement sombre, avec 11 personnes assassinées depuis le début de l’année. La violence n’est ni marginale ni locale : elle est systémique, transversale et en constante aggravation.
Dans un communiqué commun, Maisheera Shelbi et Amnon Be’eri-Sulitzianu, codirecteurs d’Initiatives Abraham, dénoncent un échec politique majeur : « Les chiffres de 2025 constituent un acte d’accusation accablant contre un gouvernement qui a totalement échoué à combattre la pandémie de criminalité et de meurtres. Au lieu d’investissements, de stratégie coordonnée entre les ministères et de coopération avec la société arabe, nous assistons à des coupes budgétaires, à un manque de coordination, à un taux extrêmement faible d’élucidation des crimes et à des priorités policières défaillantes. »
Ils appellent à un changement immédiat de cap, allant jusqu’à réclamer le remplacement du ministre de la Sécurité nationale, et exigent une approche globale combinant police, prévention, application de la loi et traitement des causes structurelles de la criminalité : « Il est interdit de s’habituer à une réalité où le sang coule comme une routine. Les vies arabes ne sont pas négligeables »