Dans un message publié en arabe sur X, Larijani a présenté ses condoléances pour la mort de Tabatabai et de quatre autres combattants tués lors de la frappe dans la banlieue sud de Beyrouth. Il a affirmé que ces hommes « ont atteint leur souhait » et que les actions de Benyamin Netanyahou poussent tous les acteurs régionaux à admettre qu’« il ne reste plus d’autre choix qu’un affrontement direct avec Israël », qualifiée de « fausse entité ». Cette déclaration intervient moins de 24 heures après que le Hezbollah a reconnu la mort de Tabatabai, décrit comme son plus haut commandant militaire encore en activité. Le porte-parole de Tsahal a confirmé qu’il s’agissait d’un « responsable extrêmement senior » : chef de l’appareil militaire du Hezbollah et numéro deux de l’organisation.
Tabatabai n’était pas un commandant comme les autres. Entré au Hezbollah dans les années 1980, il avait gravi tous les échelons : commandant de la force Radwan, l’unité d’élite chargée de préparer une incursion en territoire israélien ; responsable des opérations du Hezbollah en Syrie, où il avait supervisé l’enracinement militaire du mouvement sous supervision iranienne. Pour Téhéran, sa mort représente un revers majeur. Tabatabai était non seulement un stratège essentiel, mais aussi un symbole du lien organique entre les Gardiens de la Révolution et le Hezbollah. À ce titre, des responsables iraniens l’ont présenté pendant des années comme l’un des « visages de la résistance ».
Au-delà de Larijani, d’autres voix s’efforcent de transformer l’élimination en moteur de mobilisation.
Mohsen Rezaei, ancien commandant des Gardiens de la Révolution et aujourd’hui membre d’un organe consultatif du régime, a affirmé lors d’un enterrement à Kerman que chaque « assassinat ciblé » commis par Israël rapprochait en réalité l’État hébreu de sa « disparition ». Les commandants tués, a-t-il martelé, « appartiennent non seulement à l’Iran, mais à toutes les nations opprimées ». Tout en dénonçant l’attaque, Rezaei a reproché au Hezbollah sa « patience stratégique », estimant qu’Israël exploite cet autocontôle.
Depuis plusieurs mois, l’Iran encaisse une série de revers : pertes répétées de cadres du Hezbollah, des milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak ; frappes attribuées à Israël dans plusieurs capitales régionales ;faille dans la sécurité interne du Hezbollah, qui peine à éviter les ciblages précis de ses commandants. La nervosité du régime s’explique par l’érosion progressive d’un réseau patiemment construit depuis la mort de Qassem Soleimani.
À travers les déclarations de Larijani et Rezaei, Téhéran tente de réaffirmer son rôle de chef de file dans un « axe de résistance » présenté comme uni et renforcé — une affirmation démentie par la multiplication des frappes et l’impuissance du Hezbollah à y répondre sans risquer une guerre totale.
Du côté israélien, la ligne est claire : la frappe s’inscrit dans une stratégie de neutralisation systématique des capacités du Hezbollah. Selon le bureau du Premier ministre, Benyamin Netanyahou a personnellement donné l’ordre de l’opération, menée « pour empêcher tout risque futur contre les habitants du Nord ».
L’appel iranien à l’affrontement direct constitue un signal politique, pas nécessairement opérationnel. Mais il révèle un état de tension extrême au sommet du régime : Téhéran doit montrer qu’il ne reste pas mutique face à la série de frappes israéliennes; Le Hezbollah veut éviter un conflit généralisé, mais ne peut ignorer l’assassinat de son numéro deux militaire.; Israël, lui, indique qu’il poursuivra ses frappes « partout et à tout moment ».