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La scène cachée de la rencontre Trump–Ben Salmane : clash sur la normalisation avec Israël

Le prince héritier saoudien a expliqué que l’opinion publique saoudienne est aujourd’hui fortement anti-israélienne et qu’il ne peut, dans ces conditions, rejoindre les Accords d’Abraham, Trump, déçu, s’est mis en colère

3 minutes
25 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

La scène cachée de la rencontre Trump–Ben Salmane : clash sur la normalisation avec Israël
Photo : Maison Blanche

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La rencontre entre Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, la semaine dernière, a viré à l’échange tendu lorsqu’ils ont abordé la possibilité d’une adhésion de l’Arabie saoudite aux Accords d’Abraham, selon des informations diffusées mardi soir. Trois sources — deux hauts responsables américains et une source au fait des discussions — décrivent une « conversation difficile ».

À l’issue de la guerre à Gaza, Trump espérait que cette réunion ouvrirait la voie à une percée diplomatique vers un accord de paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite. En public, les deux dirigeants ont affiché une unité parfaite. Mais en privé, la réalité était tout autre : Trump a été surpris et irrité d’entendre le refus du prince héritier saoudien de normaliser à ce stade ses relations avec Israël.

Selon des responsables américains, la Maison-Blanche avait prévenu Ben Salman avant la rencontre : Trump attendait des progrès sur la normalisation. Lors de la réunion de mardi dernier, Trump a abordé lui-même le sujet, et a exercé une pression directe pour que Riyad rejoigne les Accords d’Abraham. À ce moment, disent les sources, « la conversation est devenue tendue ».

Ben Salmane a répondu qu’il souhaite avancer vers la normalisation, mais pas maintenant avançant que l’opinion publique saoudienne était devenue fortement anti-israélienne à cause de la guerre à Gaza et que la société saoudienne n’était donc pas prête pour une telle initiative.

Un haut responsable américain précise : « La conversation est restée polie, mais elle était difficile. Trump était déçu et agacé. Il voulait vraiment qu’ils rejoignent les Accords d’Abraham. Il a tout fait pour le convaincre. Mais Ben Salmane est un homme fort et il n’a pas bougé. »

Le prince héritier saoudien a aussi rappelé sa condition principale :Israël doit s’engager sur une “voie crédible, irréversible et limitée dans le temps” vers un État palestinien. Une exigence qu’il avait également évoquée en public après la rencontre — et à laquelle le gouvernement israélien s’oppose fermement.

« Ben Salmane n’a pas dit “jamais” à Trump », précise un responsable américain. « Il a laissé la porte ouverte. Mais la question des deux États reste le principal obstacle. »

Un responsable de la Maison-Blanche affirme que Trump a présenté « sa vision d’un Moyen-Orient prospère, fondée sur l’élargissement des Accords d’Abraham, maintenant que le programme nucléaire iranien a été complètement démantelé et que la guerre à Gaza est terminée, il est essentiel pour le président Trump que tous les pays du Moyen-Orient rejoignent les Accords d’Abraham pour promouvoir la paix dans la région. »

Lors des déclarations publiques, Trump a assuré au prince héritier qu’il fournirait à l’Arabie saoudite le même modèle avancé de F-35 que celui livré à Israël, malgré l’opposition de Jérusalem. Mais dès le lendemain, le secrétaire d’État Marco Rubio a appelé Benjamin Netanyahu pour l’assurer du contraire. Selon des responsables américains et israéliens, Rubio a garanti que les Saoudiens recevraient une version “amoindrie” du F-35, respectant le QME — l’avantage militaire qualitatif d’Israël — inscrit dans la loi américaine.

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