Culture

27ème édition du Film Juif de Jérusalem : plus de 40 films entre mémoire et création

Pendant six jours, la Cinémathèque de Jérusalem se transforme en capitale internationale du cinéma juif : plus de 40 films venus de 15 pays, entre mémoire, identité et création contemporaine, pour une édition éclairée par Hanoucca et traversée par les questions qui agitent le monde juif aujourd’hui.

4 minutes
27 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

27ème édition du Film Juif de Jérusalem :  plus de 40 films entre mémoire et création
En ouverture : The Soundman, l'histoire d’un jeune technicien timide dans une station de radio bruxelloise en 1940 à l’ombre de l’invasion nazie.

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La 27ᵉ édition du Jerusalem Jewish Film Festival, organisée à la Cinémathèque de Jérusalem du 13 au 18 décembre, proposera plus de quarante films venus de quinze pays, avec un large éventail de récits explorant la vie juive dans des périodes d’incertitude comme dans des moments plus apaisés. Le festival, qui coïncide cette année encore avec les célébrations de Hanoucca, mêle œuvres exigeantes et films plus légers.

La soirée d’ouverture sera marquée par la projection de The Soundman, un drame belge de Frank Van Passel. Le film raconte l’histoire d’un jeune technicien timide dans une station de radio bruxelloise en 1940, dont la romance naissante avec une actrice en devenir se déroule à l’ombre de l’invasion nazie.

Des œuvres internationales fortes

Cette année, le Prix Schumann du cinéma juif — financé par la famille de la journaliste française Hélène Schumann — sera remis dans le cadre de la compétition internationale. Parmi les films en lice, Two Pianos d’Arnaud Desplechin, où une musicienne revient d’exil pour affronter un passé enfoui ; Orphan de László Nemes, le réalisateur du célèbre Le Fils de Saul, qui se déroule à Budapest en 1957 et suit un garçon bouleversé par l’arrivée d’un inconnu prétendant être son père ; ou encore The Safe House de Lionel Baier, un drame familial sur fond de révoltes étudiantes à Paris en mai 1968.

Le festival accueillera également The Tasters de Silvio Soldini, inspiré des femmes contraintes de goûter les plats d’Hitler ; Summer Beats de Lise Akoka et Romane Gueret, une chronique adolescente dans une colonie de vacances française ; ou Fantasy Life de Matthew Shear, une comédie décalée où un avocat au chômage devient babysitter et tombe amoureux de la mère des enfants, interprétée par Amanda Peet.

Nouveautés israéliennes

Côté israélien, plusieurs nouveautés seront dévoilées. Eran Kolirin, réalisateur de La Visite de la fanfare, présentera Some Notes on the Current Situation, une série de vignettes surréalistes sur la réalité israélienne contemporaine ; Lior Geller signe The World Will Tremble, consacré à l’évasion de deux prisonniers juifs du camp d’extermination de Chelmno ; Mariana’s Room, d’Emmanuel Finkiel, inspiré du roman Les Fleurs de l’ombre d’Aharon Appelfeld, raconte l’histoire d’un enfant juif caché par une prostituée durant la guerre.
Enfin, Ambiguity, la nouvelle série de Yossi Madmoni, explore les vies secrètes d’hommes et de femmes haredim qui ne croient plus, mais ne peuvent quitter leur communauté.

Mémoire de la Shoah et créations documentaires

Plusieurs documentaires approfondissent le travail de mémoire. Dans All I Had Was Nothingness – Shoah, Guillaume Ribot revient sur la création du chef-d’œuvre documentaire de Claude Lanzmann avec des images encore jamais dévoilées.Rafael Lewandowski présente Cywia & Rachela, plongée au cœur du soulèvem ent du ghetto de Varsovie à travers l’histoire de deux combattantes juives.Proud Jewish Boy d’Isri Halpern revient sur l’assassinat politique commis en 1938 par un jeune Juif et Neshoma, de Sandra Beerends, utilise des images d’archives pour restituer toute la vitalité de la vie juive à Amsterdam avant la guerre.

Portraits de penseurs, artistes et musiciens

Comme chaque année, le festival mettra à l’honneur de grandes figures juives. Hannah Arendt – Facing Tyranny de Jeff Bieber et Chana Gazit revisite l’héritage politique et intellectuel de la philosophe. Dans Elie Wiesel – Soul on Fire, Oren Rudavsky évoque l’écrivain, sa parole et son influence sur la mémoire de la Shoah.

Deux films seront consacrés à Art Spiegelman : Art Spiegelman: Disaster is My Muse, qui explore sa vie et son œuvre, et The Hell of Auschwitz – Maus, de Pauline Horowitz, qui revient sur l’impact mondial de son roman graphique retraçant l’histoire de ses parents pendant la Shoah. Un atelier de bande dessinée, animé par un artiste et un thérapeute, précédera la projection du premier. Enfin, deux documentaires retraceront les parcours de créateurs emblématiques : Billy Joel: And So It Goes, de Sarah Lacy et Jessica Levin, et Steven Spielberg – The New Hollywood Prodigy de Michael Prazan.

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