Selon le site Walla, des milliers d’Israéliens se sont présentés dès les premières heures du matin devant le complexe du Cinema City à Glilot, dans la région de Tel-Aviv, dans l’espoir d’obtenir un simple rendez-vous afin de déposer une demande de passeport portugais ou de renouvellement. La scène est inhabituelle par son ampleur : la file humaine s’est étirée sur plusieurs étages, jusque dans le parking souterrain du centre commercial.
Au-delà de la procédure administrative, cette affluence reflète un changement profond dans l’état d’esprit d’une partie de la population. Depuis la guerre du 7 octobre, de nombreux Israéliens disent vouloir garantir leur liberté de mouvement. « Aujourd’hui, on veut pouvoir être mobile dans le monde, travailler à l’étranger si nécessaire, voyager sans contraintes, et surtout avoir une solution de repli », confie Yaël, 42 ans, venue avec son mari. « Le passeport européen, c’est une sécurité pour l’avenir, pour nos enfants aussi », ajoute-t-elle.
Certains évoquent également le sort des otages et l’impact concret des doubles nationalités. « On a vu que certains otages ont pu sortir plus vite de Gaza grâce à leur nationalité étrangère. Ça a bouleversé beaucoup de familles », raconte Ronan, 35 ans, présent dans la file depuis l’aube. Pour beaucoup, le passeport portugais est devenu à la fois un outil de mobilité internationale, une assurance face à l’incertitude sécuritaire, et parfois même un filet de protection psychologique.
Au-delà des considérations pratiques et sécuritaires, cette ruée vers une seconde nationalité réveille aussi une question plus intime, presque existentielle. Même installé sur sa propre terre, le peuple juif ressent-il toujours ce besoin viscéral de pouvoir partir, se déplacer, fuir si nécessaire ? Pour certains, ce réflexe de mobilité perpétuelle, hérité de siècles d’exil, resterait profondément ancré dans les consciences, comme si l’ombre du « Juif errant » continuait, encore aujourd’hui, à traverser les générations.