Le Conseil de sécurité nationale israélien avait envoyé pour l’occasion un émissaire politique de haut rang. Côté libanais, nouveauté notable : pour la première fois, un représentant civil, l’ancien diplomate Simone Karam, a été intégré à la commission de suivi du cessez-le-feu, habituellement réservée aux militaires.
Un geste interprété comme une volonté de Beyrouth d’amorcer un dialogue plus large, au-delà des questions strictement sécuritaires.
En amont, Benyamin Netanyahou avait chargé son équipe d’ouvrir un canal avec des responsables économiques libanais – une première depuis des décennies. L’idée : tester les contours d’une future coopération dans des domaines techniques ou commerciaux. Mais Jérusalem l’a répété incessamment : la démilitarisation du Hezbollah reste la condition non négociable de toute avancée.
Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a confirmé que son pays avait reçu de la part d’Israël des « signaux évoquant une possibilité d’escalade », sans calendrier précis. Il s’est cependant dit prêt à discuter « au-delà du cadre militaire », tout en précisant qu’il ne s’agit en rien d’un processus de paix. Salam a également appelé le Hezbollah à remettre ses armes à l’État, estimant que son arsenal n’a pas protégé le Liban et que le pays doit retrouver le contrôle exclusif de la décision de guerre et de paix. Il a averti que le Liban ne tolérerait plus « d’aventures militaires » susceptibles de le mener à une nouvelle guerre.
À New York, l’ancien médiateur américain Amos Hochstein a jugé que la trêve conclue il y a un an révélait une « faiblesse militaire » du Hezbollah. Il a reconnu que les efforts pour renforcer un gouvernement libanais pro-occidental avaient stagné, et que l’organisation chiite conservait un poids disproportionné.
Hochstein résume ainsi la position américaine : oui, le Hezbollah doit être démantelé mais Israël doit laisser à Beyrouth une véritable occasion d’agir, car un retour à la guerre n’apporterait pas de solution durable.
Cette rencontre tripartite ouvre un espace inédit :Israël teste une piste économique sans renoncer à sa priorité sécuritaire, le Liban cherche à réaffirmer une souveraineté disputée, les États-Unis tentent de stabiliser un front explosif.
Reste à voir si ce frêle début de dialogue survivra à la réalité du terrain — et surtout si le Hezbollah acceptera, même indirectement, qu’un canal israélo-libanais existe sans lui.