Un calme officiel en Israël, mais beaucoup moins à Bakou : les médias azerbaïdjanais et plusieurs blogs internationaux spécialisés révèlent qu’une délégation de haut niveau du ministère israélien de la Défense a effectué ces derniers jours une visite rare en Azerbaïdjan, pays frontalier de l’Iran. À sa tête : Dr Daniel Gold, le responsable de MAFAT, cerveau des programmes stratégiques les plus avancés d’Israël. La visite, passée sous silence par Jérusalem, intervient à un moment particulièrement sensible dans la zone nord de l’Iran, autour de la mer Caspienne.
Dernièrement, lors du « défilé de la victoire » en Bakou, les forces armées azerbaïdjanaises ont exhibé publiquement leur nouvel atout stratégique : les missiles Ice Breaker, version aérienne du Sea Breaker développé par Rafael Advanced Defense Systems. Une première qui a stupéfié de nombreux experts occidentaux. Jusqu’ici, la transaction restait confidentielle. La mise en scène publique de ces missiles bouleverse le rapport de forces face aux marines iranienne et russe présentes sur la mer Caspienne.
Un « game changer » pour la mer Caspienne
Le Sea Breaker est décrit par les spécialistes comme un véritable « changeur de jeu ».
Il s’agit d’un missile autonome de cinquième génération doté d’une précision extrême et d’une portée pouvant atteindre 300 km. Entre autres capacités :fonctionnement sans GPS, vol rasant de type « rase-mer »,identification autonome de la cible,capacité d’échapper aux systèmes de brouillage et de guerre électronique — un domaine où l’Iran et la Russie excellent. Son ogive de 113 kg suffit à neutraliser une frégate ou un navire de guerre d’une seule frappe.
La décision de Bakou de montrer le missile lors du défilé est interprétée comme un signal calculé, destiné à compliquer la planification stratégique de ses adversaires.
Un avertissement direct à l’Iran mais pas que
Le message ne vise pas uniquement la Russie. Les tensions entre Bakou et Téhéran n’ont cessé de monter ces dernières années, notamment autour du contrôle du Caucase et des alliances militaires d’Azerbaïdjan avec Israël.L’exposition publique du Sea Breaker, combinée à la présence sur place de Dr Daniel Gold, équivaut à une déclaration : Bakou se tient prêt à une confrontation, si Téhéran franchit certaines lignes.
La présence du patron de la R&D israélienne reflète un niveau de coordination bien plus profond que de simples ventes d’armes. Les discussions portent, selon plusieurs sources, sur les technologies les plus avancées d’Israël — celles-là mêmes qui ont récemment séduit les États-Unis, qui ont décidé d’adopter une version américaine du Sea Breaker, baptisée Bullseye. Le fait que l’Azerbaïdjan dispose déjà d’une version opérationnelle démontre la solidité des liens stratégiques entre les deux pays.
À Jérusalem, silence radio. Aucune confirmation, aucun commentaire sur la visite ou sur les accords militaires. Un mutisme sans doute calculé.