Pour la première fois depuis son éviction il y a six mois, Ronen Bar, ancien directeur du Shin Bet (ISA), s’est exprimé publiquement ce mardi lors de la conférence Cyber Week à l’Université de Tel-Aviv. Un discours direct, attendu, et sans détour, dans lequel il a ouvertement critiqué la gestion politique des événements du 7 octobre et a exigé une commission d’enquête d’État.
Évoquant les victimes, Bar a cité Ofir Shoshani et Hersh Goldberg-Polin. « Derrière les chiffres, il y a des visages. Ces hommes auraient pu être ici aujourd’hui, contribuer à notre puissance technologique. C’est en voyant leurs histoires que l’on mesure la responsabilité – et le prix de nos erreurs », a-t-il déclaré. Un rappel appuyé que le bilan humain du 7 octobre reste l’horizon moral de toute enquête.
Sans nommer explicitement Benjamin Netanyahou, Bar a adressé une critique transparente : « En leadership, il vaut mieux assumer les échecs que s’attribuer les réussites. » Une charge qui intervient alors que la question des responsabilités politiques continue de fracturer l’opinion israélienne.
L’ancien chef du Shin Bet est revenu sur la réaction de son organisation le matin du massacre. « Personnellement, organisationnellement et nationalement, nous avons levé la tête et sommes entrés en guerre. Nos hommes ont combattu sous le feu, éliminé des terroristes et promis de régler les comptes. Deux des principaux architectes du 7 octobre restent à neutraliser – Yahya Sinwar et Mohammed Deif – et nous devons ramener Ran Gvili. »
Bar a révélé qu’une enquête interne approfondie avait été menée pour examiner les défaillances du Shin Bet. Mais selon lui, seule une commission d’enquête d’État, indépendante et complète, peut réellement tirer les leçons du 7 octobre. « C’est le seul moyen de dissiper les conspirations dangereuses et d’empêcher que cela ne se reproduise. »
Son avertissement final a sonné comme un choc : « En refusant d’enquêter l’ensemble du système, nous avons, en fait, prescrit le prochain 7 octobre. Il faut arrêter les querelles et commencer à travailler pour devenir meilleurs. »
Avec cette intervention, Ronen Bar s’impose comme une voix bien déterminée à obtenir une transparence totale – et une remise en question profonde du leadership israélien après le 7 octobre.