Le nom d'Elbit Systems réapparaît avec insistance dans une enquête tentaculaire sur un système de corruption à grande échelle au sein de l'OTAN. Lancées en mai 2025, les investigations mobilisent les autorités de neuf pays. Elles visent un réseau d’anciens responsables de la NSPA — l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition — accusés d’avoir exploité leurs relations et des informations confidentielles pour influencer des appels d’offres en échange de pots-de-vin. L’affaire, initialement détectée par les autorités américaines lors d’une enquête sur une fraude aux armes, a rapidement révélé une dimension internationale. Cinq suspects ont été arrêtés et plusieurs mandats d’arrêt ont été émis.

Selon les enquêteurs, le réseau aurait transmis des informations classifiées, surfacturé des contrats et blanchi des fonds via de fausses sociétés de conseil. Les pots-de-vin se chiffreraient à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Suspension d’Elbit Systems

La NSPA a suspendu Elbit Systems et sa filiale Orion Advanced Systems de toute participation aux futurs appels d’offres, évoquant « des allégations sérieuses » d’irrégularités. Treize contrats, d’une valeur totale d’environ 100 millions d’euros, sont gelés. Elbit affirme coopérer pleinement et rejette toute implication fautive.

Au cœur des soupçons figure un consultant italien de 60 ans, recherché sous mandat d’arrêt européen. Il aurait servi d’intermédiaire entre Elbit et d’anciens dirigeants de la NSPA pour faciliter l’attribution de contrats. Il serait actuellement en fuite sous une fausse identité. L’affaire implique également d’autres sociétés basées en Turquie, en Lettonie et plusieurs cabinets fondés par d’anciens cadres de l’agence.

Cette enquête intervient alors que les budgets de défense explosent : la NSPA gère aujourd’hui 9,5 milliards d’euros par an, trois fois plus qu’en 2021. Transparency International met en garde contre un risque accru de corruption sans renforcement des contrôles. Selon des sources bruxelloises, la suspension d’Elbit pourrait être la première d’une série, l’enquête étant encore loin d’être achevée.

Elbit Systems rejette toute implication et assure qu’elle coopérera pleinement si nécessaire