Sécurité

À la place de Tony Blair : voici le nouveau favori pour diriger le Conseil de paix à Gaza

Après le veto imposé par plusieurs États arabes et musulmans à la nomination de Tony Blair à la tête du futur Conseil de paix chargé de gérer la bande de Gaza dans le cadre du plan Trump, une autre figure s’impose : le diplomate bulgare Nikolay Mladenov, ancien envoyé spécial de l’ONU pour le Moyen-Orient.

3 minutes
11 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

À la place de Tony Blair : voici le nouveau favori pour diriger le Conseil de paix à Gaza
Netanyahou et Mladenov, un médiateur impartial.selon Jérusalem Photo : Kobi Gideon / GPO

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Âgé de 53 ans, Mladenov est considéré comme l’un des diplomates les plus expérimentés sur le dossier israélo-palestinien. Entre 2015 et 2020, il a été l’un des rares médiateurs capables — parfois in extremis — d’empêcher une escalade militaire entre Israël et le Hamas. Aujourd’hui, il dirige l’Académie diplomatique des Émirats arabes unis à Abou Dhabi. Point rare dans la région : Israël et les Palestiniens lui accordent une véritable confiance. Au fil de ses années de médiation, Mladenov a su mener des négociations délicates, coordonner l’arrivée des fonds internationaux pour la reconstruction de Gaza, et garantir qu’ils ne seraient pas détournés vers l’infrastructure militaire du Hamas. L’organisation terroriste, elle aussi, se tournait souvent vers lui lors des poussées de tension, signe qu’il était perçu comme un interlocuteur crédible.

Mladenov n’a jamais hésité à critiquer ouvertement les deux camps. À la tribune du Conseil de sécurité, il dénonçait tour à tour l’usage excessif de la force par Israël, notamment lors de la mort d’enfants palestiniens, et les tirs de roquettes et provocations du Hamas le long de la frontière. Cette double franchise, souvent rare dans le système onusien, lui a valu un crédit précieux auprès des acteurs régionaux, malgré parfois l’irritation suscitée à Jérusalem.

Le diplomate entretient depuis les années 1990 une relation avec Avigdor Liberman, chef du parti Israel Betenou. Leurs chemins se sont croisés alors que l’un devenait ministre bulgare des Affaires étrangères et l’autre chef de la diplomatie israélienne. Il est également familier de nombreuses figures israéliennes, dont Isaac Herzog et Tzipi Livni. En parallèle, Mladenov a noué un canal de communication direct avec Ismaïl Haniyeh, l’ancien chef du Hamas, assassiné à Téhéran l’an dernier. Cette capacité unique à parler à tout le monde explique largement pourquoi son nom est aujourd’hui mis en avant par les équipes de Donald Trump - notamment Jared Kushner, qui l’appréciait déjà lors du premier mandat présidentiel.

Pourquoi Tony Blair a été écarté

Jusqu’ici, l’ancien Premier ministre britannique était le seul nom évoqué pour présider le Conseil de paix. Mais les pays arabes ont bloqué sa nomination, en raison de son rôle dans la guerre en Irak, son image très favorable à Israël et la crainte que les Palestiniens soient marginalisés dans le processus. Ce veto reflète aussi la montée en puissance du tandem Qatar–Turquie dans les négociations post-guerre, deux acteurs qui percevaient Blair comme trop aligné sur les positions israéliennes.

Selon The Washington Post, Tony Blair avait participé à la rédaction initiale du plan Trump en 20 points, qui comprend la création d’un Conseil de paix supervisant Gaza jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne entreprenne les réformes exigées. Sa mise à l’écart a donc laissé Washington à la recherche d’une figure consensuelle — et Mladenov apparaît comme le choix le plus réaliste.

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