Israël

Deux ans après le 7 octobre : un bilan humain lourd et une société sous pression psychique (rapport officiel)

Un rapport officiel de compilation, fondé sur les données de l’État, dresse une photographie détaillée des pertes humaines, des blessés et de l’impact durable de la guerre sur la santé mentale des Israéliens.

4 minutes
14 décembre 2025

ParDelphine Miller

Deux ans après le 7 octobre : un bilan humain lourd et une société sous pression psychique (rapport officiel)
Photo: Tsafrir Abayov/Flash90

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Un rapport de référence, sans posture politique

Deux ans après l’attaque du 7 octobre 2023 contre l’État d’Israël, le Centre d’information et de connaissances a publié un rapport de synthèse intitulé « Deux ans après l’attaque du 7 octobre ». Il ne s’agit ni d’un rapport d’enquête ni d’une prise de position politique, mais d’un document de référence qui compile et croise des données officielles sur les conséquences civiles de la guerre, sur la période allant d’octobre 2023 à octobre 2025.

Le rapport repose sur des sources institutionnelles et reconnues, notamment les ministères, les autorités nationales, les caisses d’assurance maladie et des organismes spécialisés. Sa vocation est de fournir une photographie aussi précise que possible de l’impact humain, sanitaire et psychique du conflit.


Un bilan humain massif, principalement concentré au sud

Sur le plan humain, le document recense 1 981 personnes tuées depuis le début de la guerre. Ce chiffre inclut 999 soldats et membres des forces de sécurité, 900 civils israéliens et 82 ressortissants étrangers présents en Israël. La très grande majorité des décès, soit 1 727 personnes, est survenue sur le front sud, en particulier lors de l’attaque du 7 octobre et des combats qui ont immédiatement suivi.

Le rapport précise que ce décompte intègre également des cas indirectement liés à la guerre, tels que des décès survenus lors d’alertes — crises cardiaques ou accidents — ainsi que des Israéliens assassinés dans des attentats à l’étranger. Cette méthodologie explique certains écarts avec les chiffres strictement militaires publiés par Tsahal.


Des dizaines de milliers de blessés et un système de rééducation sous pression

Concernant les blessés, les données du ministère de la Santé, via le portail gouvernemental Olam HaData, font état de 30 158 personnes prises en charge par les hôpitaux et les caisses d’assurance maladie depuis octobre 2023, chiffres arrêtés au 30 octobre 2025. Ces données incluent l’ensemble des personnes blessées lors des combats, des attentats et des événements liés aux alertes.

À cette réalité s’ajoute une pression sans précédent sur le système de rééducation. Selon le Département de rééducation du ministère de la Défense, 19 700 nouveaux patients — principalement des soldats et des réservistes — ont été intégrés depuis le début de la guerre. Le nombre total de bénéficiaires suivis atteint désormais environ 81 700 personnes. Plus de la moitié d’entre elles présentent des atteintes psychiques, souvent associées à des blessures physiques.


La santé mentale, au cœur des conséquences de la guerre

La santé mentale occupe une place centrale dans le rapport, identifiée comme l’un des défis majeurs de l’après-guerre. Les caisses d’assurance maladie Maccabi, Leumit, Meuhedet et Clalit rapportent une hausse très significative des diagnostics annuels de stress post-traumatique entre 2023 et 2025, avec des augmentations allant de 70 % à plus de 110 % par rapport aux années précédant la guerre.

Les auteurs soulignent toutefois que ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité. De nombreux patients sont suivis en dehors du système des caisses, notamment par l’armée, dans les centres de résilience, par des associations spécialisées ou par des thérapeutes privés.


Une détresse psychologique profonde et durable

L’ampleur de la détresse psychologique apparaît également à travers les données de l’association ERAN, spécialisée dans l’aide psychologique d’urgence. Celle-ci rapporte 637 000 appels de détresse enregistrés sur une période de deux ans. Si l’anxiété, le traumatisme et le deuil dominaient largement les premiers mois de la guerre, les motifs des appels ont évolué avec le temps.

Aujourd’hui, la solitude, la dépression et les difficultés relationnelles et familiales occupent une place de plus en plus importante. En parallèle, le Centre israélien pour les addictions et la santé mentale, cité dans la synthèse, observe une hausse marquée de la consommation de substances addictives, en particulier chez les personnes présentant des symptômes sévères de stress post-traumatique.


Une reconstruction appelée à s’inscrire dans la durée

Au-delà des chiffres, le rapport met en garde contre un chantier de reconstruction de long terme. La prise en charge durable des blessés, l’accompagnement psychologique de centaines de milliers de citoyens, la réhabilitation des communautés déplacées et la pression croissante sur les systèmes de santé et de protection sociale constituent des défis appelés à durer.

Deux ans après le 7 octobre, si la guerre a cessé sur certains fronts, ses effets humains et psychiques continuent de marquer en profondeur la société israélienne.