Le sommet se tient dans un contexte de rivalité régionale accrue en Méditerranée orientale autour de l’influence, de la sécurité et de projets économiques et énergétiques, ainsi que sur fond de tensions persistantes dans la zone. Pour la Grèce et Chypre, il s’agit de la poursuite naturelle du cadre de partenariat trilatéral avec Israël. Pour Jérusalem, c’est un levier destiné à renforcer les liens avec deux États membres de l’Union européenne.
Lors du sommet, les discussions devraient porter sur les questions de sécurité et les coopérations civiles et stratégiques, mais aussi sur l’énergie, la connectivité, l’innovation et la protection civile. Ce sont les domaines que les Grecs ont placés en tête de leur agenda en amont de la visite, dans le cadre d’une politique visant à approfondir la coopération avec Israël et Chypre dans la région.
Parallèlement, en Israël, on souligne que le simple fait que la rencontre se tienne à Jérusalem envoie un message clair à Ankara. À Jérusalem, le sommet est perçu comme la mise en évidence d’un « axe » méditerranéen plus coordonné, notamment sur le plan sécuritaire et dissuasif.
Selon des sources politiques, la visite vise à rappeler qu’Israël dispose de partenariats régionaux actifs et que le jeu en Méditerranée orientale ne se joue pas uniquement par l’intermédiaire de la Turquie.
Ces derniers jours, dans le contexte de ce sommet trilatéral, des évaluations ont également émergé concernant un possible renforcement supplémentaire de la coopération sécuritaire entre les trois pays, y compris l’examen de principe d’un cadre de coordination sécuritaire plus étroit dans les espaces maritime et aérien de la Méditerranée orientale. Toutefois, des responsables au fait du dossier précisent qu’à ce stade, aucune décision opérationnelle ni aucun plan concerté n’existent en vue de la création d’une force commune ou d’un mécanisme militaire permanent. Selon eux, le sujet se situe, au mieux, au niveau d’échanges d’idées et de discussions exploratoires. À ce stade du dialogue trilatéral, il ne s’agit pas d’un projet arrêté, mais d’une réflexion générale sur les moyens d’approfondir la coordination et la dissuasion régionales.
Sur le plan économique et énergétique, les trois pays partagent un intérêt commun pour la promotion de projets régionaux liés à l’énergie et à la connectivité entre la Méditerranée orientale et l’Europe. La Grèce et Chypre constituent pour Israël un « pont » important vers la scène européenne, un élément d’autant plus crucial à une période où la politique européenne à l’égard d’Israël fait l’objet de débats internes entre États membres de l’Union.
Parallèlement à la dimension régionale, la visite s’inscrit dans un cadre plus large : au cours de son déplacement, Mitsotakis devrait également rencontrer à Ramallah le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. La position grecque présentée avant la visite inclut un soutien à la solution à deux États.
Pour Jérusalem, cela signifie que les discussions trilatérales se dérouleront alors que la guerre à Gaza et ses répercussions servent de toile de fond, y compris les questions de stabilité régionale et de relations avec l’Europe.
La visite se déploie ainsi sur deux axes parallèles : l’axe visible, avec un sommet trilatéral centré sur des coopérations en matière de sécurité, d’énergie et de connectivité ; l’axe implicite, avec un signal adressé à la Turquie à travers l’image régionale d’une coordination entre Israël, la Grèce et Chypre.
Le véritable poids du sommet ne se mesurera pas seulement à l’aune des déclarations, mais aux initiatives qui seront effectivement mises en œuvre par la suite — et au ton que choisira Ankara pour y répondre.