Sécurité

La presse iranienne en mode intimidation : « Nos capacités sont l’une des grandes inquiétudes d’Israël »

Alors qu’en Israël monte la crainte d’une nouvelle confrontation avec Téhéran, la presse iranienne orchestre une démonstration de force médiatique : menaces ouvertes, cartes d’Israël colorées en rouge et discours de supériorité militaire, un message de dissuasion assumé, qui vise autant l’opinion iranienne que Jérusalem et Washington.

3 minutes
23 décembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

La presse iranienne en mode intimidation : « Nos capacités sont l’une des grandes inquiétudes d’Israël »
La très éloquente Une du Asr-e Kanun

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Alors que le spectre d'une nouvelle confrontation militaire avec Israël, les médias iraniens haussent le ton et tentent de renverser la perception stratégique. À Téhéran, le récit dominant présente Israël comme sous pression, hésitant à agir face à des capacités militaires iraniennes décrites comme dissuasives, en particulier dans le domaine des missiles et de la défense aérienne.

Le quotidien conservateur Vatan Emrooz a consacré sa une au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, sous le titre « L’opération qui a brûlé », entendre : opération avortée et essentiellement psychologique. Le journal affirme que les médias et experts israéliens mènent une guerre psychologique contre l’Iran, notamment en amont d’un déplacement de Netanyahou aux États-Unis. Selon le journal, Israël aurait récemment déplacé son discours vers la menace que représente le programme iranien de missiles, après avoir reconnu, selon Téhéran, la rapidité avec laquelle l’Iran aurait réhabilité ses infrastructures militaires. Le message est clair : si Israël n’a pas encore frappé de nouveau, ce serait en raison de son incapacité à neutraliser les capacités défensives iraniennes.

Le quotidien va plus loin : « Si le régime sioniste attaque à nouveau l’Iran, ce sera une erreur fatale, et cette guerre se transformera sans aucun doute en une défaite humiliante pour Netanyahou. »

Le journal Arman Melli met en scène, en une, les drapeaux iranien et américain côte à côte. Le message : le dossier nucléaire reste le nœud central du conflit avec Washington. Téhéran réaffirme le caractère civil de son programme, tandis que les États-Unis exigent un contrôle renforcé. Le journal souligne que les développements régionaux – à Gaza, au Liban et en mer Rouge – influencent directement la relation irano-américaine, et avertit que toute escalade entraînera une riposte.

Dans un registre encore plus offensif, Asr-e Kanun affiche en une une carte d’Israël en rouge, sur laquelle une main pose un doigt au centre du pays. Le titre proclame : « L’Iran est à gauche et à droite des sionistes », suggérant un encerclement total – géographique, militaire et psychologique. Le journal cite même les propos attribués à un ancien officier du Mossad, évoquant la peur et la sensation d’être constamment surveillé, afin d’accréditer l’idée que la guerre de l’ombre aurait désormais pénétré le quotidien israélien.

Pour Israël, cette offensive médiatique ne relève pas du hasard. Elle s’inscrit dans une stratégie classique de dissuasion iranienne, combinant propagande interne, pression psychologique externe et démonstration de confiance affichée par le régime et par le guide suprême Ali Khamenei. Mais ce discours comporte aussi un risque : celui de l’auto-illusion stratégique. Comme le souligne l’analyste israélien Beni Sabti de l’INSS, aucun courant significatif en Iran n’appelle aujourd’hui à la retenue. « Le régime se sent victorieux, et c’est très dangereux. » Selon lui, l’Iran préfère l’escalade, convaincu qu’un affrontement pourrait paradoxalement renforcer sa position interne, alors même qu’une large majorité de la population iranienne serait hostile au régime.

Pour Jérusalem, cette séquence confirme une chose : le front iranien est autant militaire que mental. La bataille se joue dans les capacités réelles, mais aussi dans la narration. Et lorsque Téhéran parle d’« erreur fatale » pour Israël, le message vise moins à éviter la guerre qu’à en fixer les termes psychologiques. Dans ce face-à-face, le danger réside précisément là : quand chaque camp est convaincu que l’autre n’osera pas aller jusqu’au bout, le risque de dérapage devient maximal.

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