Société

Entrées volontaires d’Israéliens en zone palestinienne : analyse d’un phénomène préoccupant

Plusieurs incidents récents interrogent les autorités sécuritaires sur une prise de risque répétée, malgré des interdictions claires et connues.

3 minutes
26 décembre 2025

ParDelphine Miller

Entrées volontaires d’Israéliens en zone palestinienne : analyse d’un phénomène préoccupant
Zone A (Photo: Delphine Miller)

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Ces dernières semaines, les forces de sécurité israéliennes ont été mobilisées à plusieurs reprises après des entrées volontaires d’Israéliens dans des zones palestiniennes strictement interdites par la loi. Civils ou militaires, ces déplacements ont nécessité des opérations d’extraction en urgence et ravivent une question désormais traitée comme un phénomène à part entière par les autorités : pourquoi certains Israéliens franchissent-ils volontairement cette ligne sécuritaire ?

Les zones concernées correspondent à ce que l’on appelle la zone A, définie par les accords d’Oslo. Elles sont placées sous contrôle civil et sécuritaire de l’Autorité palestinienne. En raison d’un risque élevé d’agressions, d’enlèvements ou d’escalades armées, l’entrée y est formellement interdite aux citoyens israéliens, civils comme militaires.

Plusieurs incidents récents illustrent cette tendance. Dans la nuit du 26 décembre, une soldate de la police des frontières (Magav) est entrée volontairement dans la localité palestinienne de Yatta, au sud d’Hébron, après être montée dans le véhicule d’un Palestinien qu’elle connaissait. L’enquête a établi qu’il ne s’agissait pas d’un enlèvement et que la soldate a quitté les lieux de son plein gré après des échanges entre les forces de sécurité et sa famille. L’incident a néanmoins déclenché une mobilisation opérationnelle immédiate.

La même nuit, un civil juif ultra-orthodoxe s’est retrouvé à Shechem en tentant de se rendre au Tombeau de Joseph. Désorienté, il a dû être extrait par les forces de l’Administration civile. Quelques jours auparavant, une mère israélienne et sa fille avaient également été localisées puis évacuées du centre de Bethléem après être entrées volontairement en zone palestinienne.

Selon des informations rapportées par N12, les services de sécurité israéliens constatent une augmentation du nombre de ces incidents, désormais considérés comme une tendance et non plus comme des cas isolés. Des responsables sécuritaires évoquent un phénomène « dangereux », tant pour les personnes concernées que pour les forces engagées dans leur extraction.

Les analyses internes des forces de sécurité mettent en avant plusieurs facteurs explicatifs. Dans un nombre significatif de cas, l’entrée est liée à une relation personnelle préexistante avec un Palestinien — amicale ou personnelle — conduisant à une sous-évaluation du danger réel. D’autres situations traduisent une banalisation progressive du risque, certains Israéliens estimant à tort que des déplacements ponctuels seraient possibles sans conséquences.

Des motivations religieuses apparaissent également, notamment lors de tentatives de prière sur des sites sensibles situés en zone palestinienne, malgré les avertissements répétés. Enfin, les autorités relèvent des décisions impulsives ou un manque d’anticipation des conséquences sécuritaires et légales.

À ce stade, aucune enquête psychologique globale n’a été annoncée par les autorités israéliennes concernant l’ensemble de ces cas. Toutefois, dans certains dossiers individuels — en particulier lorsqu’il s’agit de soldats — des évaluations internes peuvent être menées par la hiérarchie, comme c’est l’usage après des comportements jugés à risque. Les autorités privilégient pour l’instant une approche axée sur la prévention et le rappel strict des interdictions.

Du point de vue sécuritaire, l’impact est immédiat. Chaque entrée volontaire en zone palestinienne interdite entraîne une mobilisation rapide de Tsahal, de la police et parfois de l’Administration civile. Même en l’absence d’incident initial, ces interventions exposent les forces à un risque opérationnel élevé et peuvent dégénérer en situation critique en quelques minutes.



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