Le chef du Shabak sortant, Ronen Bar, a publié aujourd’hui (vendredi) une annonce pour donner sa version des faits dans la crise de confiance sur laquelle le Premier ministre Netanyahou s’appuie pour justifier son limogeage.
D’après Bar, cette crise a commencé quand il a refusé d’écrire aux juges que Netanyahou ne pouvait pas témoigner à son procès en raison de la guerre. Il affirme également avoir refusé de répondre à des demandes sensibles du Premier ministre comme l’activation des pouvoirs du Shabak contre des citoyens israéliens.
« Netanyahou m’a demandé un avis en tant que responsable sécuritaire affirmant que la situation sécuritaire ne permettait pas son témoignage continu lors du procès. J’ai refusé. Le chef du Shabak n’est pas le fidèle serviteur personnel » du Premier ministre.
Selon Bar, « il y a eu des cas où j’ai dû refuser des demandes du Premier ministre concernant l’activation des pouvoirs du Shabak contre des citoyens. Ces pressions sont inacceptables, et je ne suis pas prêt à coopérer avec ces méthodes ». Il a précisé qu’il était prêt à détailler l’ensemble des événements à huis clos devant les juges de la Cour suprême.
« Le fait de mener précipitamment un processus de révocation à une période aussi sensible, alors que des enquêtes criminelles sont en cours contre des proches du Premier ministre, sans procédure régulière ni détails des accusations, et sans possibilité équitable d’y répondre, envoie un message clair à toute la chaîne de commandement du Shabak – y compris aux futurs chefs du service – que s’ils ne plaisent pas au pouvoir politique, leur licenciement sera immédiat », écrit Bar, « Cela porte gravement atteinte à la capacité du chef du Shabak et de l’organisation dans son ensemble à remplir leurs fonctions, et ouvre la porte à un risque d’abus de la subordination des responsables des services de sécurité au pouvoir politique. Il existe un lien direct entre la capacité du chef du Shabak à exercer ses fonctions en toute intégrité et l’existence de mécanismes de révocation appropriés. Un tel précédent pourrait dangereusement transformer le Shabak en une ‘police secrète’. »
À la fin de sa lettre adressée à la Cour suprême, Ronen Bar énumère toutes les raisons qui, selon lui, ont conduit à son licenciement: l’approbation sécuritaire du témoignage de Netanyahou dans son procès pénal, la lettre du chef du Shabak aux ministres du gouvernement sur la nécessité d’une commission d’enquête nationale sur le 7 octobre ainsi que la présentation de l’enquête interne du Shabak sur le 7 octobre, qui a mis en lumière les échecs du pouvoir politique en plus de ceux du service de sécurité.
La conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav Miara, a quant à elle, transmis aujourd’hui son avis à la Cour suprême sur la procédure de limogeage du chef du Shabak: »La décision de mettre fin au mandat du chef du Shabak est fondamentalement entachée d’un conflit d’intérêts personnel du Premier ministre en raison des enquêtes pénales visant ses proches, et elle conduira à transformer ce poste en une fonction politique », selon la conseillère.
Le cabinet du Premier ministre a réagi aux accusations du chef du Shabak: »La perte de confiance du Premier ministre et de l’ensemble des membres du gouvernement – sans exception – envers le chef du Shabak ne découle pas d’une question de loyauté personnelle, mais bien d’un manque de confiance dans son action, après son rôle déterminant dans l’échec du 7 octobre, lorsqu’il a choisi de ne pas informer le pouvoir politique, ainsi que dans une série d’événements ultérieurs ayant sapé la confiance professionnelle à son égard.
Le seul à agir par intérêt personnel est le chef du Shabak lui-même, qui s’accroche désespérément à son poste malgré la perte totale de confiance du gouvernement à son compte.
La déclaration du chef du Shabak est gravement entachée de conflit d’intérêts et, sans surprise, elle survient en parallèle à la lettre de la conseillère juridique du gouvernement – elle-même en situation de conflit d’intérêts manifeste.
Cette déclaration est truffée de mensonges, notamment l’affirmation selon laquelle le Premier ministre aurait demandé au chef du Shabak d’utiliser les pouvoirs de l’organisation de manière inappropriée contre des citoyens israéliens – ce qui n’a jamais eu lieu.
Le Premier ministre a discuté avec le chef du Shabak des moyens de garantir son témoignage devant la cour, compte tenu des menaces de missiles visant Israël et plus particulièrement le Premier ministre. Le débat portait uniquement sur le lieu où devait se dérouler le témoignage, et non sur sa tenue elle-même.
En effet, les experts du Shabak ont déterminé que les audiences devaient se dérouler dans l’espace sécurisé du tribunal de district de Tel-Aviv et non ailleurs. Et c’est ce qui se passe effectivement ».
La Cour suprême doit statuer le 8 avril sur les recours déposés contre le limogeage de Ronen Bar.